Les parties libyennes en conflit ont trouvé, hier à Paris, un compris, dans une ultime tentative de trouver une issue à la crise que traverse le pays depuis sept ans. Invités par le président français Emmanuel Macron à la conférence internationale sur la Libye, elles se sont mises d'accord pour l'application d'un processus qui sera couronné par l'organisation d'élections législatives et présidentielle le 10 décembre prochain. «Nous nous sommes engagés (…) à œuvrer de manière constructive avec les Nations unies pour organiser (…) des élections dignes de foi et pacifiques et à respecter les résultats des élections lorsqu'elles auront lieu», indiquent dans une déclaration commune le Premier ministre du gouvernement d'union nationale Fayez al-Sarraj, le maréchal Khalifa Haftar, le président de la Chambre des représentants, Aguila Salah, et celui du Conseil d'Etat, Khaled al-Mechri. L'engagement a été pris devant les représentants d'une vingtaine de pays, dont l'Algérie, et quatre organisations internationales (ONU, Union européenne, Union africaine et Ligue arabe). En présence donc de la communauté internationale, les dirigeants des différentes factions libyennes se sont mis devant un défi majeur : mettre en place des institutions nationales dans un délai court de six mois. Ainsi, les participants à la conférence se sont engagés à adopter une «base constitutionnelle pour les élections» et des «lois électorales nécessaires» d'ici le 16 septembre 2018. Les forces de sécurité libyennes seront chargées de garantir le processus électoral avec le soutien approprié de l'ONU, des organisations régionales et de la communauté internationale, est-il ajouté dans la déclaration qui précise que les responsables de toute obstruction au processus électoral auront à «rendre des comptes». Afin «d'améliorer le climat en vue des élections nationales», la Chambre des Représentants basée à Tobrouk devra se réinstaller à Tripoli et le gouvernement parallèle instauré dans l'est du pays devra être démantelé à terme. Les deux chambres devront «s'employer immédiatement à unifier la Banque centrale de Libye et d'autres institutions», ont-ils encore convenu. Les forces militaires et de sécurité et l'Armée nationale libyenne (ANL) dirigée par le maréchal Haftar devront être unifiées sous l'égide des Nations unies. «Les discussions avec les dirigeants libyens ont montré la volonté de s'engager sur des points précis : d'abord le consensus sur la nécessité d'unifier les institutions gouvernementales, économiques et de sécurité pour contribuer à l'affirmation pleine et entière de l'Etat libyen en mettant fin à toute forme d'institutions parallèles avec un processus progressif qui se fera et trouvera son plein aboutissement à l'issue du processus électoral», a expliqué le président français lors d'une conférence de presse. Il a ajouté que la conférence d'hier était le résultat d'un long travail, évoquant une «rencontre historique, accompagnée par l'ensemble de la communauté internationale» ainsi qu'une «étape clé pour la réconciliation» dans ce pays plongé dans le chaos depuis l'éclatement du printemps arabe. Pour sa part, par l'envoyé spécial de l'ONU, Ghassan Salamé, a qualifié la rencontre d'«historique». «Nous ne remplaçons pas les Libyens, ce sont eux qui s'entendent entre eux. C'est capital», a-t-il ajouté, en se montrant «optimiste» sur le processus lancé. De son côté, le Premier ministre Fayez al-Sarraj a appelé «à arrêter les combats partout en Libye» car «assez de sang a coulé». «Nous appelons tout le monde au dialogue», a-t-il lancé. A souligner enfin que le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, a participé à la conférence en qualité de représentant du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika.