Une réconciliation sous les yeux de la communauté internationale «L'objectif principal pour les responsables libyens est de se mettre d'accord sur un texte devant la communauté internationale et les organisations internationales. Chacun doit présenter un front uni, un visage uni en vue de la sortie de crise», avait indiqué lundi l'Elysée. Les quatre responsables libyens réunis à Paris sous l'égide de l'ONU se sont engagés hier à travailler ensemble pour que des élections législatives et présidentielle se tiennent le 10 décembre prochain. «Nous nous sommes engagés (...) à oeuvrer de manière constructive avec les Nations unies pour organiser (...) des élections dignes de foi et pacifiques et à respecter les résultats des élections lorsqu'elles auront lieu», souligne «la déclaration politique» endossée par le Premier ministre du gouvernement d'union nationale, Fayez al-Sarraj, le maréchal Khalifa Haftar, chef de l'ANL, le président de la Chambre des représentants, Aguila Salah, et celui du Conseil d'Etat, Khaled al-Mechri. Cette réunion a été qualifiée d'»historique» par l'envoyé spécial de l'ONU, Ghassan Salamé. «Nous ne remplaçons pas les Libyens, ce sont eux qui s'entendent entre eux. C'est capital», a-t-il ajouté. Pour sa part, le Premier ministre, Fayez al-Sarraj, a appelé «à arrêter les combats partout en Libye» car «assez de sang a coulé». «Nous appelons tout le monde au dialogue», a-t-il asséné. Les responsables libyens se sont engagés aussi à procéder à l'adoption d'une «base constitutionnelle pour les élections» et des «lois électorales nécessaires» d'ici le 16 septembre 2018. Les forces de sécurité libyennes «seront chargées de garantir le processus électoral», avec «le soutien approprié» de l'ONU, des organisations régionales et de la communauté internationale. Les responsables de toute «obstruction» au processus électoral devront «rendre des comptes», mais le document ne précise pas de quelles sanctions il s'agit. Car certaines milices et groupes extrémistes vont, sans doute, s'opposer à sa mise en oeuvre. Pour «améliorer le climat en vue des élections nationales», la Chambre des représentants basée à Tobrouk va devoir s'installer à Benghazi (Est) et le gouvernement parallèle sera démantelé, tandis que la Banque centrale de Libye et d'autres institutions seront confortées. Une vingtaine de pays, dont l'Algérie, et quatre organisations internationales (ONU, Union européenne, Union africaine et Ligue arabe) étaient présents autour des dirigeants libyens afin de valider la feuille de route commune de nature à assurer une sortie de crise pour la Libye. A pris part à cette réunion le Premier ministre Ahmed Ouyahia, désigné par le président de la République Abdelaziz Bouteflika, pour le représenter à la conférence. Outre l'Algérie, d'autres pays étaient conviés, comme les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Turquie, l'Italie, Malte, la Tunisie, le Maroc, l'Egypte, le Qatar, les Emirats arabe unis, l'Arabie saoudite, le Koweït, le Niger, le Tchad et le Congo en tant que président du comité de Haut niveau de l'Union africaine sur la Libye. Au terme des discussions, les parties prenantes libyennes ont signé la «Déclaration politique» avant de procéder à une conférence de presse tripartite. «L'objectif principal pour les responsables libyens est de se mettre d'accord sur un texte devant la communauté internationale et les organisations internationales. Chacun doit présenter un front uni, un visage uni en vue de la sortie de crise», avait indiqué lundi l'Elysée, précisant que le texte prévoit un calendrier du processus électoral. Selon la même source, une autre réunion est prévue, dans deux ou trois mois, pour assurer le suivi de l'application de l'accord. Les responsables libyens devraient ainsi s'entendre sans délai sur un ensemble de mesures indispensables à l'organisation et à la sécurité des échéances électorales programmées. Pour l'ensemble des pays présents mais surtout pour ceux du Groupe des pays voisins qui ont mené une activité diplomatique intense depuis plus de trois ans, la stabilité et la sécurité de la Libye restent un enjeu stratégique majeur. Aussi était-il nécessaire de pousser l'ensemble des acteurs libyens à davantage d'engagement en faveur du processus onusien, avec tout ce qu'il exige comme structures institutionnelles et règles de fonctionnement. La réunion d'hier n'a rien à voir avec la tentative avortée de La Celle-Saint-Cloud, le 17 juillet 2017, lorsque le président Macron, à peine réélu, avait réuni Fayez al Serraj et le maréchal Haftar. Il s'agit, cette fois, de la communauté internationale, témoin de l'engagement pris par les quatre principaux acteurs de la crise. Et pour que ces scrutins se déroulent dans des conditions légales, l'accord postule l'adoption de la loi fondamentale en souffrance, en tant que force dynamique de la stabilité et de la sécurité dont a besoin le pays, menacé par l'activisme des groupes terroristes et des trafiquants d'armes, de drogue et de migrants. Car en l'absence de cette «base constitutionnelle» promise pour le 16 septembre 2018, sans qu'on sache si elle sera issue d'un référendum, le processus restera très contentieux, et les pouvoirs du futur président élu quelque peu aléatoires.