Le secteur de la santé dans la wilaya de Bouira est mal en point. Les établissements publics hospitaliers (EPH) et les polycliniques manquent de tout. Il y a un manque criant de moyens matériels et humains. Des services fonctionnent avec la moitié du personnel. Les médicaments se font rares aux urgences. Ce sont là des informations contenues dans le rapport de la commission de la santé, hygiène et protection de l'environnement de l'assemblée populaire de wilaya (APW), présenté hier lors de la deuxième session ordinaire de ladite assemblée. Pour l'EPH Mohamed Boudiaf de la ville de Bouira, la commission a fait état de plusieurs manques et dysfonctionnements. Les rapporteurs de l'APW ont constaté que le service des urgences est mal conçu. Le service est mal géré et surchargé. Une anarchie indescriptible y règne. Les salles de soins ne répondent plus aux normes. Les médecins et infirmiers travaillent dans des conditions dégradantes. Il n'y pas suffisamment d'espace. Les malades, hommes, femmes et enfants se bousculent dans cet espace réduit. À l'intérieur de ce service, les malades et le personnel médical et paramédical étouffent. L'aération manque et le système de climatisation central est tombé en panne. Sa réparation tarde à se faire. À la maternité, les parturientes souffrent. Aucun médecin gynécologue n'est là pour assister les femmes enceintes à accoucher en toute sécurité. Pourtant, il y a quelques années, le même service comptait sept gynécologues. Les femmes sont donc réorientées vers d'autres hôpitaux. Ce qui ne règle en rien la question, puisque la wilaya ne dispose que de quatre médecins spécialistes en gynécologie. Ainsi, l'hôpital est dans l'incapacité d'acquérir les masques d'oxygène pour les nouveau-nés en difficulté. Pour les nouveau-nés prématurés, il n'y a pas assez de couveuses. Les médicaments se font rares également. Plusieurs services, notamment les urgences, oncologie, maternité, etc., sont confrontés à cette pénurie. La commission de l'APW a suggéré la délocalisation du service des urgences et son installation hors de l'EPH pour assurer une bonne prise en charge des patients. Au niveau de l'EPH de Sour El Ghozlane, une bonne partie de la structure sanitaire menace ruine, d'après le rapport de la commission. La partie où se trouve la pharmacie centrale, le laboratoire, le service radiologie, le bloc opératoire, la maternité et l'ancien service de psychiatrie risque de s'effondrer. L'organisme de contrôle technique de la construction (CTC) a déjà établi un rapport dans lequel il a demandé que les parties de la structure menacée d'effondrement soient évacuées. La direction de l'hôpital exploite encore ces services en exposant la vie du personnel à un danger réel. Ainsi, le scanner de l'EPH qui est tombé en panne depuis 2011 est toujours hors service. Au niveau de l'EPH d'Ain Bessem, les nouveau-nés sont exposés au risque de contamination au service maternité. Le service ne dispose pas d'une salle pour la vaccination des nouveau-nés, ce qui amène les infirmières à effectuer la vaccination au niveau des salles de repos des parturientes. En ce qui concerne les polycliniques, le rapport de la commission parle des structures délabrées qui sont dépourvues des moyens nécessaires pour soigner les malades. Dans son intervention, la directrice de la santé de Bouira a appelé les gens à s'orienter vers les polycliniques pour se soigner, afin de réduire la charge sur les services des urgences des EPH. Sauf que les points d'urgences ouverts au niveau des polycliniques ne remplissent pas leurs rôles. Des malades meurent à mi-chemin entre ces polycliniques et les EPH vers lesquels ils ont été transférés. Dans les villages et les régions éparses, la santé est reléguée au second plan par les autorités locales. La commission compte 32 salles de soins fermées à travers tout le territoire de la wilaya. Il faut souligner qu'un bon nombre de ces salles a été utilisé par la garde communale durant la décennie noire, mais qui sont libérées depuis plusieurs années déjà. Ces centres de santé sont actuellement à l'abandon. Pour le cas du centre de santé du village Ouled Bachkir, dans la commune de Bechloul, qui a été squatté par une famille durant les années de terrorisme, il a été démoli par l'APC qui a recasé la famille en question.