Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ne partage pas l'appel du président du MSP, Abderrezak Makri, concernant l'intervention de l'armée pour accompagner une transition politique dans le cadre de son initiative de consensus national. Pour le RCD à qui l'initiative n'a pas encore été exposée, la solution à «la crise» que traverse le pays ne peut en aucun cas être dans cet appel à l'institution militaire. «L'implication directe de l'Armée dans la gestion de l'impasse actuelle ne peut constituer une réponse crédible à la crise politique que vit le pays», a indiqué, hier, le secrétariat national du parti dans un communiqué sanctionnant les travaux de sa réunion mensuelle. Le parti de Mohcine Belabbas estime que «l'Algérie a besoin de jeter les bases d'institutions issues et contrôlées par la société dans un processus de démocratisation graduel et transparent adossé à une légitimité incontestable pour tourner la page de l'autoritarisme et du fait du prince». Cette réaction intervient au lendemain de la contre-attaque du général de corps d'armée, chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, qui a rejeté toute tutelle sur l'armée. En s'alignant sur cette réponse, le RCD donne déjà un avant-goût sur la suite qu'il donnera au MSP, lorsque viendra la rencontre entre les deux formations politiques. Le parti islamiste a déjà rencontré Ali Benflis et Amara Benyounès avant d'aller exposer son projet au FFS, puis au FLN. Aujourd'hui, Makri sera l'hôte d'Ahmed Ouyahia, patron du RND et néanmoins Premier ministre. Après tout ce beau monde et en anticipant de rendre publique sa réponse, il est probable que le RCD n'acceptera même pas de rencontrer Makri. Dans son argumentaire, le RCD soutient que le combat démocratique «est une exigence permanente et intangible» et «a pour but le changement du système à l'origine du désordre socio-économique et de l'instabilité institutionnelle qui menacent l'existence de la nation». Le MSP ne semble pas être dans ce cas de figure, d'après l'analyse du RCD. «Faute d'assumer leur part de cette exigence, celles et ceux qui se réclament de la démocratie devraient au moins éviter de compliquer la situation par des initiatives sans issue», critique le parti de Mohcine Belabbas. Du coup, imaginer ce dernier s'associer à une démarche «sans issue» comme il vient de l'affirmer est peu probable, voire impossible. A en croire les explications du RCD, c'est le débat autour d'un cinquième mandat de l'actuel président de la République qui a couvert les vrais enjeux et solutions, à commencer par la transparence de la présidentielle de 2019. «La focalisation de la communication officielle sur la reconduction ou le retrait de Bouteflika pour une nouvelle mandature a fini par contaminer la majorité des organisations et des espaces publics», fera-t-il remarquer. Et de regretter : «Au lieu de revendiquer les conditions d'une compétition régulière et transparente pour garantir l'exercice de la souveraineté du peuple, des parties se revendiquant d'un système démocratique s'égarent dans des fausses et vaines pistes pour contourner cette condition sine qua non de toute sortie de crise». Par ailleurs, le RCD est revenu sur différents sujets d'actualité, dont les renvois «brutaux» de cadres et les remous qui ont suivi le limogeage du DGSN. Des événements qui «renseignent sur la profondeur du mal qui ronge de nombreuses institutions», estime le parti qui pointe du doigt un «marasme» qui «s'accompagne de violations fréquentes des libertés individuelles et collectives». Enfin, le parti a condamné avec la plus grande vigueur les «atteintes» contre le patron de Cevital, Issad Rebrab, «victime de blocage».