«La finalité de cette proposition reste floue...» Le MSP a réussi à faire le consensus de rejet de son initiative. Même ses partenaires dans l'opposition, à l'image du RCD, n'ont pas hésité à critiquer la démarche de Makri. Après le FLN, le FFS, les partis islamistes comme Ennahda et le mouvement El-Bina, c'était le tour hier du RCD de s'exprimer, en qualifiant la démarche du MSP d'«une initiative sans issue». A travers son communiqué rendu public hier, le RCD souligne qu'«au lieu de revendiquer les conditions d'une compétition régulière et transparente pour garantir l'exercice de la souveraineté du peuple, des parties se revendiquant d'un système démocratique s'égarent dans de fausses et vaines pistes pour contourner cette condition sine qua non de toute sortie de crise». «Pour le RCD, l'implication directe de l'Armée dans la gestion de l'impasse actuelle ne peut constituer une réponse crédible à la crise politique que vit le pays», peut-on lire également... «L'Algérie a besoin de jeter les bases d'institutions issues et contrôlées par la société dans un processus de démocratisation graduel et transparent adossé à une légitimité incontestable pour tourner la page de l'autoritarisme«, est-il noté «Le combat démocratique est une exigence permanente et intangible. Il a pour but le changement du système à l'origine du désordre socio-économique et de l'instabilité institutionnelle qui menacent l'existence de la nation», est-il ajouté. «Faute d'assumer leur part de cette exigence, celles et ceux qui se réclament de la démocratie devraient au moins éviter de compliquer la situation par des initiatives sans issues», a-t-on conclu. Le président du mouvement El-Binaâ, Abdelkader Bengrina, un transfuge de l'ex-Hamas plaide lui aussi «pour un changement passant par des élections propres et transparentes». Fidèle au fondateur du MSP, le défunt Mahfoudh Nahnah, le chef du mouvement El-Binaâ favorise la stratégie participationniste, en s'alignant sur l'agenda électoral du pouvoir. Le mouvement Ennahdha qui a tenu, hier, la session de son conseil consultatif a rejeté, dans le fond et dans la forme, l'initiative proposée par le MSP. Dans ce contexte, une rencontre sera tenue aujourd'hui entre ce mouvement et le FLN autour de l'initiative du vieux parti. «La classe politique qui a échoué à construire une base commune de militantisme et un projet tendant à instaurer un Etat civil, se cache derrière l'institution militaire»,est-il relevé. Dans son entretien paru hier sur le journal El-Khabar, Mohamed Douibi a déclaré que «l'implication de l'armée dans des conflits politiques n'est pas dans l'intérêt du pays, car il ne faut pas refaire la même erreur du début des années 1990 où l'armée a été invitée à intervenir pour faire face à une situation et assumer une responsabilité qui ne lui incombe pas...». L'initiative du MSP suscite beaucoup de questions: «L'objectif recherché est-il le consensus entre le pouvoir et l'opposition? Ou bien le but visé est de s'entendre sur un candidat commun aux deux parties?», s'est-il demandé. Toutefois, cette initiative a le mérite de recentrer le débat sur elle et insuffler une dynamique dans une scène politique plongée dans un statu quo total», a-t-il soutenu. «La mise au point du vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major, de l'ANP le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, se rapporte aux déclarations de plusieurs politiques, dont ceux du MSP», a-t-il noté. Néanmoins, le président de Talaie El-Houriyet, Ali Benflis et le président du MPA, Amara Benyounès, qui ont été les premiers à recevoir la délégation du MSP, ne se sont pas encore exprimés sur cette initiative. En revanche, le FFS a rejeté d'une façon diplomatique l'initiative du MSP. Par ailleurs, le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, a appelé, hier à Alger, à «ne pas impliquer l'institution militaire» dans la vie politique et à la laisser remplir ses missions constitutionnelles. S'exprimant lors d'une conférence de presse animée en marge des travaux de la première session du conseil national du FNA issue de son 4e congrès, Touati a mis l'accent sur l'importance de «ne pas impliquer l'Armée nationale populaire (ANP) dans la vie politique», soulignant que l'armée a des missions constitutionnelles «bien définies» visant à protéger l'intégrité du territoire national et la sécurité des citoyens. Tout en réitérant «l'attachement» de sa formation politique à ses principes, Touati a affirmé que le FNA n'adhérera à aucune initiative proposée par certains partis politiques. S'agissant des affaires internes du FNA, Touati a instruit ses cadres sur l'importance de se rapprocher des citoyens, prendre en charge leurs préoccupations tout en oeuvrant à gagner leur confiance et contribuer à la promotion des valeurs nationalistes, et ce afin de permettre au parti de «reprendre» sa place politique qui a «régressé» en raison de dépassements commis par certains élus du parti.