Pour atteindre plus d'efficacité dans la lutte contre toutes formes de crime organisé transnational, y compris la traite des êtres humains, l'Algérie a mis en place un important arsenal juridique pour accompagner son action. Selon de récentes données fournies par l'organisation internationale du travail (OIT), le travail forcé et l'exploitation sexuelle génèrent actuellement «150 milliards de dollars américains chaque année» dont les deux tiers proviendraient de l'exploitation sexuelle. Ce qui fait de la traite d'êtres humains le troisième crime organisé le plus lucratif à l'échelle mondiale. Alors que le nombre de victimes est estimé à des dizaines de millions, les condamnations de trafiquants d'êtres humains dans le monde sont de moins de 10 000 cas, selon le rapport 2017 sur la traite des êtres humains. Dans le cadre de la lutte contre ce phénomène, l'Algérie s'est munie de tous les moyens notamment juridiques lui permettant de le traiter. La volonté de l'Algérie a été mise en exergue, hier, par le directeur général des relations multinationales, Rachid Bladehane, à l'occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la traite des êtres humains. Il dira à ce propos, qu'il s'agit d'une situation qui constitue un défi pour l'Algérie, en raison de la dégradation de la situation socio-économique et sécuritaire dans les pays du voisinage. Selon lui, cette situation a entraîné le déplacement des êtres humains à la recherche de meilleures conditions de vie, d'où l'apparition du phénomène d'exploitation des êtres humains par les réseaux criminels, particulièrement les femmes et les enfants. L'Algérie a notamment ratifié toutes les conventions internationales de lutte contre la traite des êtres humains et a développé son programme de coopération avec les Nations Unies. S'agissant des mesures juridiques de lutte contre ce phénomène, le président du Comité national de prévention et de lutte contre la traite des êtres humains, Mourad Adjabi, a fait part d'un projet de loi relatif à la traite des êtres humains et la prise en charge des victimes. Il citera entre autre, «le projet d'une instruction qui a été soumise au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, pour approbation, afin de donner un caractère officiel de prise en charge des victimes de la traite des êtres humains». «Cette instruction comporte essentiellement la prise en charge des victimes», a-t-il précisé. Le ministère de la Justice a, de son coté, donné son accord pour la mise en place d'un groupe de travail pour la préparation d'un projet de loi relatif à la traite des êtres humains. L'intervenant a révélé également qu'un «projet de base de données a été préparé par le ministère de la Justice en coordination avec les secteurs concernés et sera opérationnel au début de l'année prochaine. Adjabi a soutenu que l'actualisation des bases de données nationales sur la situation du phénomène de la traite des êtres humains, a été permis grâce au travail d'une commission composée de 20 membres issus de divers départements ministériels et d'instances spécialisées». «Cette commission élabore également un rapport annuel sur la situation de la traite des êtres humains en Algérie», a-t-il relevé, précisant que le premier rapport, comportant les activités de la commission ainsi que les perspectives d'avenir de ses actions, a été adressé au Président de la République en 2017. La Journée mondiale contre la traite des êtres humains, célébrée le 30 juillet de chaque année, a pour objectif de protéger les enfants, les femmes et les migrants contre les réseaux criminels. Le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré à ce sujet que «la traite est un crime odieux qui se nourrit des inégalités, de l'instabilité et des conflits», soulignant que les trafiquants «exploitent l'espoir et la détresse d'autrui, et s'attaquent aux plus démunis en les privant de leurs droits fondamentaux».