Naturellement, l'Algérie a salué la reconnaissance par le président français, Emmanuel Macron, de la responsabilité de la France dans l'assassinat du mathématicien et militant communiste, Maurice Audin, en juin 1957. Le ministre des Moudjahidine, et dans une réaction pour le moins attendue, a qualifié le geste du locataire de l'Elysée, de «pas positif louable». Interrogé par la presse, jeudi, en marge de la séance plénière consacrée aux questions orales, à l'Assemblée populaire nationale (APN), Tayeb Zitouni a qualifié la reconnaissance du crime d'Etat concernant la disparition et la torture, durant la Guerre de libération nationale, de Maurice Audin, de «pas positif louable». Le ministre des Moudjahidine, n'a pas voulu s'étaler en louant le geste de Macron, ô combien historique, d'autant qu'aucun président avant lui n'a osé franchir ce stade. Et pour cause, Zitouni estimera que les crimes perpétrés par les autorités françaises contre les Algériens durant l'ère coloniale «ne peuvent être niés que par un oublieux et un ignorant de l'histoire». Il ira même plus loin, en poussant un peu l'optimisme né de cette reconnaissance, pour que d'autres faits historiques soient à leur tour reconnus et rétablis dans leur vérité. Le pas du président français «est une preuve qu'il y aura davantage de reconnaissances», a soutenu Zitouni, qui, indirectement, appelle Emmanuel Macron à fournir plus d'effort dans le travail ayant trait à la mémoire entre les deux pays. Des gestes plus courageux en la matière, notamment sur les dossiers des crimes de guerre, les essais nucléaires et autres ne se refuseraient pas. Il faut dire que l'espoir de Zitouni est d'autant plus justifié, lorsque l'on sait que dans sa déclaration de reconnaissance, Emmanuel Macron a soutenu que le travail de mémoire ne s'achève pas avec cette déclaration. «Cette reconnaissance vise notamment à encourager le travail historique sur tous les disparus de la guerre d'Algérie, français et algériens, civils et militaires», a-t-il dit, annonçant une dérogation générale, «dont les contours seront précisés par arrêtés ministériels après identification des sources disponibles», ouvrira à la libre consultation, tous les fonds d'archives de l'Etat qui concernent ce sujet. D'ailleurs, le président français va inviter ceux qui auraient des documents ou des témoignages à livrer, à se tourner vers les archives nationales pour «participer à cet effort de vérité historique». Pour lui, «l'approfondissement de ce travail de vérité doit ouvrir la voie à une meilleure compréhension de notre passé, à une plus grande lucidité sur les blessures de notre histoire, et à une volonté nouvelle de réconciliation des mémoires et des peuples français et algérien». Par ailleurs, le ministre des Moudjahidine, a indiqué que les commissions en charge des dossiers de restitution des archives nationales, liées à la période coloniale et des crânes des résistants algériens se trouvant au Musée de l'homme de Paris, ainsi que l'indemnisation des victimes des essais nucléaires au Sahara algérien, «sont encore à pied d'œuvre et leurs résultats connus prochainement».