Reconnaissance de l'Etat français dans la disparition et l'assassinat, en juin 1957, du militant algérien Maurice Audin et appel à l'approfondissement du travail de vérité lié à la Guerre d'Algérie : deux événements qui ont marqué la journée de jeudi dernier. En attendant de reconnaître ses torts dans l'assassinat de Larbi Ben M'Hidi. En matière de torture, la France a reconnu officiellement avoir instauré un «système» recourant à la «torture» pendant la guerre de libération nationale. Dans ce contexte, la présidence française a indiqué, dans un communiqué, que le président Emmanuel Macron allait reconnaître jeudi que le militant algérien Maurice Audin, disparu en juin 1957, était «mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France». Selon la nouvelle annoncée par le député Cédric Villani, proche du président Macron et de la famille Audin, jeudi matin sur les ondes France Inter, cette reconnaissance sera concrétisée par une déclaration qui sera remise à la veuve de Maurice Audin par le président français Emmanuel Macron qui par la même occasion annoncera «l'ouverture des archives sur le sujet des disparus civils et militaires, français et algériens», selon le communiqué de l'Elysée. Cela dit, c'est en février dernier qu'un témoignage d'un appelé de contingent, qui pense avoir enterré le corps de Maurice Audin, avait relancé l'exigence de vérité sur ce crime vieux de 61 ans. A l'époque, ce témoin des atrocités qu'avait fait subir l'armée française aux Algériens durant la guerre de libération et qui a voulu garder l'anonymat en se tenant à la disposition de la famille Audin, avait confié au journaliste de l'Humanité : «Je crois que c'est moi qui ai enterré le corps de Maurice Audin». Selon lui, les événements se sont déroulés dans une ferme à Fondouk (actuellement Khemis el-Khechna) où, dans une cabane fermée à clé, se trouvaient «deux cadavres enroulés dans des draps et cachés sous la paille». «J'ai d'abord l'impression de loin que ce sont des Africains. Ils sont tout noirs, comme du charbon», a-t-il précisé, faisant état des propos du soldat Gérard Garcet, désigné plus tard par ses supérieurs comme l'assassin de Maurice Audin qui racontait «fièrement» avoir passé les deux victimes à la «lampe à souder» (...) pour éviter qu'on puisse les identifier». Ces déclarations ont été suivies par la mobilisation de plusieurs personnalités, intellectuels et associations réclamant la vérité sur cet assassinat. En mai dernier, plus d'une cinquantaine de personnalités, historiens, politiques, juristes, journalistes et cinéastes, ont demandé au président Macron de reconnaître la responsabilité de l'Etat français dans l'assassinat du militant algérien. Dans ce sens, ces personnalités ont adressé une lettre au président Macron lui rappelant que : «Le 11 juin 1957, pendant la bataille d'Alger, Maurice Audin, mathématicien communiste de 25 ans, était arrêté par les parachutistes du général Massu devant sa famille, avant d'être torturé. Le jeune assistant à la faculté d'Alger n'en est jamais revenu, et l'armée française a fait disparaître son corps». Aussi, ont-ils souligné que tous ceux qui ont travaillé sur cette «affaire» ont établi que Maurice Audin avait été torturé et assassiné par l'armée française, agissant dans le cadre des pouvoirs spéciaux votés par le pouvoir politique. Pour ces personnalisés, le moment était venu pour «des actes forts sur cette période de l'histoire», comme Emmanuel Macron en avait promis. «Des actes forts», déjà soulignés par le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni en janvier dernier, lorsqu'il avait déclaré que les négociations entre les parties algérienne et française à propos des dossiers de la mémoire nationale algérienne étaient à un stade avancé et que les déclarations des autorités françaises étaient très rassurantes et que le traitement de ces dossiers par des spécialistes des deux pays, était attendu. Aujourd'hui avec cette reconnaissance du président français, cette coopération mémorielle semble en bonne voie de concrétisation.