La République fédérale d'Allemagne est disposée à accompagner l'Algérie sur le plan économique, pour sortir de sa dépendance aux hydrocarbures. C'est la promesse, mais aussi le souhait et l'engagement d'Angela Merkel, Chancelière allemande en visite officielle, hier, en Algérie, sur invitation du Président de la République, Abdelaziz Bouteflika. «Nous souhaitons apporter une contribution à l'économie algérienne», a déclaré Angela Merkel, lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, animée au centre international des conférences (CIC) d'Alger. Insistant sur les «capacités» de son pays à collaborer avec l'Algérie sur ce plan, Merkel a souligné que l'économie algérienne dépend du pétrole et du gaz, et avec la baisse des prix des matières premières au courant des dernières années, « vous avez dû parcourir un chemin difficile», a-t-elle reconnu. Cet engagement, faut-il le dire, pourrait trouver son chemin à la concrétisation, puisqu'il y a pas moins de 20 projets de partenariats en discussion entre les deux pays. D'ailleurs, interrogé sur la présence timide des entreprises allemandes en Algérie, Ahmed Ouyahia, s'est montré plutôt optimiste. «L'Allemagne est le 3e partenaire économique de l'Algérie avec 4 milliards de dollars d'échanges commerciaux annuellement», a-t-il dit, citant entre autres investissements «l'industrie mécanique» avec Mercedes, ainsi que Seat et Volkswagen, qui sont dans le secteur privé de l'automobile. Pour Ouyahia, «il n'y a pas de marché monopolisé par une quelconque partie» et l'Allemagne est «présente». «Il y a 20 dossiers de partenariats en cours de discussion, on espère réaliser un nombre de ces projets», a précisé le Premier ministre. Dans sa déclaration liminaire, Angela Merkel s'est dite «réjouie» de revenir en Algérie, après 10 ans (sa dernière visite remonte à 2008), et a qualifié ses discussions avec Ahmed Ouyahia de «fructueuses». Les relations entre les deux pays peuvent être développées d'avantage, a estimé la chancelière allemande, qui cite entre autres, la création d'un partenariat dans le domaine de l'énergie. «Nous pouvons faire d'avantage de progrès», a-t-elle soutenu, après avoir annoncé qu'un projet d'accord culturel, sensé permettre la création d'un institue Goethe à plein droit, était en cours de finalisation. Ouyahia : «l'Algérie récupérera ses enfants» Comme attendu, l'autre dossier phare de cette visite était celui des migrants, avec ces deux aspects : les algériens en séjour irrégulier en Allemagne, et le traitement de la question des migrants subsahariens en général. Sur ce registre, Merkel a qualifié de «très fructueuse» la collaboration germano-algérienne dans le domaine du retour des personnes qui n'ont pas de droit de séjour dans son pays. «Cette collaboration s'est très bien développée, je remercie l'Algérie pour cela», a-t-elle déclaré, précisant avoir trouvé «un partenaire», puisque son gouvernement s'attend à ce qu'il y est des partenaires, là où le droit de séjour n'est pas indispensable. Elle dira que les personnes qui ont une bonne raison de fuir, sont celles venant d'Irak et de Syrie par exemple, et que l'Allemagne est prête à prendre en charge. De son coté, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a assuré que «l'Algérie récupèrera ses enfants, qu'il s'agit de 3.000 ou de 5.000». Seulement, à un certains nombre de règles sur lesquelles «nous sommes en parfaite accord avec les autorités allemandes», a-t-il appuyé. Il s'agit, entre autres, de l'identification qu'il s'agit bien d'algériens. A l'heure actuelle, il y a au moins 700 laissez-passer auprès des missions consulaires algériennes en Allemagne, dont les détenteurs «attendent de revenir», a précisé Ouyahia. Mais, il n'est pas question de l'utilisation des charters pour les opérations de retour de nos ressortissants, tranche-t-il, suggérant à la chancelière «pour que le rythme et le nombre iront plus vite», de convaincre la compagnie aérienne Lufthansa, qui fait 11 vols entre les deux pays chaque semaine, de s'impliquer. Actuellement, c'est Air Algérie qui assure cette mission, avec 5 ressortissants à bord de chacun de ses 6 vols par semaine. «Nous tenons à évacuer le plutôt possible ce dossier de nos relations», a conclut Ahmed Ouyahia. Migrants : Question fâcheuse, échanges fructueux Quant aux migrants subsahariens, alors qu'Angela Merkel a estimé que l'Algérie était un pays d'accueil, le Premier ministre a, en réponse à une question sur les centres que veut ériger l'UE dans les pays nord de l'Afrique, rappelé que l'Algérie est un pays «connu pour ses positions de principes». «Je crois que l'Algérie livre bataille pour le reste de la communauté internationale au nord, concernant la question des migrants illégaux, par le travail qu'elle fait elle-même à nos frontières sud pour empêcher annuellement 20.000 à 30.000 personnes, de venir illégalement en Algérie, pour continuer souvent leur chemin vers l'Europe», a sèchement répliqué Ouyahia. Ce dernier ne se laissera pas d'ailleurs intimider par une question sur les rapports critiques d'Amnesty international, quant aux opérations de rapatriement organisées par les autorités au sud. «Si quelqu'un connaît un pays dans le monde qui n'est pas critiqué par Amnesty international, je voudrais bien le savoir», a-t-il ironiquement déclaré, rappelant la caravane organisée dernièrement, où près d'un millier de personnes ont été accompagnées, pour retourner dans leurs pays, «en présence du HCR et de l'OIM», dont les déclarations «étaient suffisamment positives pour l'Algérie», a défendu Ouyahia. Quant aux libertés, le Premier ministre invitera la journaliste ayant posé la question, à découvrir l'Algérie et «à voir ce qu'écrit et dessine comme caricature la presse algérienne, qui est de 160 journaux, contre le Président, le Premier ministre et contre tout ce qui est institution». Enfin, un échange de vues sur des questions internationales d'intérêt commun a été au centre des discussions entre les deux responsables. Sur diverses questions, il y a avait une «concordance entre les approches algériennes et les approches allemandes», a fait savoir Ouyahia, au moment où Merkel dit «partager» avec l'Algérie, les mêmes visions sur la nécessité de trouver une solution pacifique à la crise libyenne, une réconciliation au Mali, ainsi qu'un règlement du conflit au Sahara Occidentale.