Les syndicalistes parlent de lui comme étant «un homme courageux, un militant convaincu et un révolutionnaire». Cet homme, à qui l'UGTA doit son existence un 24 février 1956, s'intéresse dès son jeune âge aux conditions difficiles des travailleurs. Aïssat Idir est né le 7 juin 1919 à Djemaâ Saharidj, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Fils de fellah, il mène dans un premier temps une lutte syndicale visant à améliorer les conditions de vie des paysans. Vu les problèmes financiers, il ne poursuit pas ses études secondaires. Il se retrouve très tôt dans le monde dur du travail et connaît dès lors la discrimination et l'exploitation dont souffraient les ouvriers algériens. Ce qui le mobilisera plus tard pour la sauvegarde de leurs intérêts. En 1944, il commencera à militer avec d'autres syndicalistes pour la création d'une organisation nationale qui devait prendre en charge les aspirations politiques et sociales des travailleurs algériens. Trois ans après, il dirigera un groupe de syndicalistes affilié à la «commission des affaires sociales et syndicales», créée par le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). Le 24 février 1956, Aïssat Idir est élu secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Dès le premier mois de la création d'une centrale syndicale et à l'issue du premier congrès de cette union, plus de 100 000 adhésions furent enregistrées. Le siège de la centrale syndicale, installé à Lavigerie, à Alger, commencera à accueillir des délégations de syndicalistes venus protester auprès de Aïssat Idir contre leurs difficiles conditions de travail. Les activités du nouveau secrétaire se multiplient dès lors : mise en place des structures de l'UGTA, création du journal L'ouvrier algérien qui a permis au travailleur algérien de suivre les actions menées par la centrale syndicale et de les mobiliser pour la lutte armée. Après son arrestation un 22 mai 1956 par la police française, il sera écroué dans plusieurs prisons dont Bossuet, Berrouaghia et Barberousse. Inutile de parler des sévices atroces et inhumains qu'il a subis durant cette période. Inculpé d'atteinte à la sécurité de l'Etat, il sera traduit avec une vingtaine de militants syndicalistes devant la justice militaire à Alger. Il obtient la liberté, mais ne milite plus librement. Il sera surveillé de près par le colonel Godart. Il est arrêté et emprisonné encore une fois le 13 février 1959. Cette arrestation lui coûtera la vie. Il résistera aux tortures et succombera un 26 juillet 1959. Il deviendra et restera jusqu'à ce jour le symbole de la lutte des syndicalistes algériens.