Un siècle après la fin de la Première Guerre mondiale, celle qui devait être la «der des ders», une soixantaine de chefs d'Etat et de gouvernement sont attendus, aujourd'hui, à Paris. Il y aura Vladimir Poutine et Donald Trump, ainsi que la plupart des dirigeants européens. Le continent africain sera représenté pour la forme, et la «force noire» de l'armée française engagée de gré ou de force, à l'époque. Au pied de l'Arc de triomphe, donc, ils entendront le discours de Macron, commémorant le 11 novembre 1918, le jour d'une victoire qui ne sut pas garantir la paix. Il s'agit, a expliqué l'Elysée, de «préparer l'avenir en tirant les leçons du passé». Apparemment, y'a du travail… En effet, de ce centenaire, Macron veut faire un manifeste contre le nationalisme, et pour la promotion d'un multilatéralisme prôné par les organisations internationales. Tout le contraire de ce qu'il advint après l'armistice de 1918, quand le traité de Versailles imposa aux Allemands des conditions si humiliantes qu'il y eut la 39-45, avec un Hitler revanchard. Tout le contraire, aussi, du fameux «American First» de Donald Trump. D'ailleurs, pas étonnant que ce dernier n'ait pas jugé utile de participer à un «Forum sur la paix», en après-midi même. Officiellement, c'est pour aller se recueillir au cimetière américain que Trump sèche cette réunion. En réalité, on voit mal comment il aurait pu assister à cette manifestation, qui ressemble fort à un appel à la mobilisation mondiale contre sa propre politique. Financé par des partenaires privés, dont Google, Microsoft ou Axa, ce Forum sera animé par des experts ou des professionnels chargés de réfléchir sur des questions des domaines politique, économique, technologique, social, etc.… Il est promis chaque année, et serait ainsi à la paix, ce que celui de Davos est à l'économie. En fait, autant pour la paix que pour l'économie, le monde d'aujourd'hui ressemble de plus en plus à celui de 1913 et à celui des années 30. Une descente vers toujours plus de concurrence, de tensions et de massacres à travers le monde, explique les poussées populistes sur fond de guerres commerciales et de frontières qui se ferment. Aussi, cette superproduction de communication à la française sera sans doute réussie. Mais elle restera impactée par un Trump, lui aussi décidé à changer le monde, en démantelant ce que ses prédécesseurs ont construit. Et alors que les Etats-Unis avait contribué à mettre en place la SDN, créée en 1920 par les pays vainqueurs de la 1re guerre mondiale, et devenue l'ONU par la suite, pour assurer la logistique de la «Pax American» de Thomas Woodrow Wilson, le 28e président U.S, qu'a fait Trump, le 45e ? Il a détricoté plusieurs pactes internationaux issus de cet héritage. L'accord sur le nucléaire iranien, et l'accord mondial sur le changement climatique ne sont plus que passé révolu, par et pour Trump, qui a toujours une carte à jouer, au détriment des autres. A Paris, il va peut-être profiter de la présence de Poutine, pour annoncer officiellement l'abandon du Traité sur les forces nucléaires avec la Russie, et des sanctions sur la Cour Pénale Internationale qui n'a pas à mettre son nez dans les affaires de l'armée yankee. Quant à la «der des ders», elle attendra la fin des «cause toujours, mon lapin» décryptés dans la bouche du même Trump, hier, lors de son entrevue à l'Elysée, avec un Macron volubile et causeur, à propos d'une armée européenne…