La diplomatie américaine se restructure-t-elle ou se retire-t-elle carrément de la scène politique mondiale ? En effet, la récente décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël, ses tweets islamophobes et anti-arabe, la compression du personnel du département d'Etat, tendent à confirmer plutôt la seconde thèse. En outre, Trump qui a présenté le 18 décembre dernier sa stratégie de sécurité nationale (National security strategy NSS), aurait fort insisté sur quatre piliers, à savoir:»protéger le territoire national», «promouvoir la prospérité des USA», «préserver la paix par la force», «renforcer l'influence américaine», ce que la Maison-Blanche renvoie à une architecture intellectuelle nouvelle «le réalisme de principe». Un réalisme qui affirme que la souveraineté des Etats est le meilleur espoir pour un monde pacifique. A l'opposé, Poutine et récemment Emmanuel Macron semblent emprunter le sens inverse. Le nouveau locataire de l'Elysée s'engouffre même subtilement dans la brèche laissée par les Américains sur plein de dossiers mondiaux. Ainsi, il s'est rapidement opposé à la décision américaine sur Jérusalem et aurait proposé un plan d'action pour stopper en Libye le flux des migrants subsahariens avant qu'ils puissent atteindre l'Europe. De même est-il intervenu diplomatiquement pour rétablir la stabilité au Liban après la démission-suprise de Saâd Hariri et aurait participé à la préparation d'une feuille de route pour l'après-guerre en Syrie, au moment où les USA semblent peu enclins à prendre part à tout processus de négociation avec Al-Assad, laissant le plus grand rôle revenir à la Russie de Vladimir Poutine ! Ajoutons à cela le fait que les Américains n'ont même pas d'ambassadeur en Arabie Saoudite, leur allié traditionnel, et dans six autres pays de la région. Un vide énorme durant cette période cruciale pour les grandes puissances au Moyen-Orient ! Ryan Crocker, un diplomate américain à la retraite ayant longtemps travaillé au Moyen-Orient, soutient même que les émirs saoudiens ont agi au Liban comme s'il s'agissait d'un territoire saoudien parce que les Américains étaient en retrait, voire absents. Mais où va l'Amérique de Donald Trump ? Sur d'autres dossiers internationaux, pas de grandes surprises à signaler ! Trump n'a pas certifié l'accord du nucléaire avec l'Iran, s'est retiré à la fois de l'accord du partenariat transpacifique, de celui sur le climat de Paris, de l'UNESCO, etc. L'Institut français des relations internationales (IFRI) aurait souligné dans un récent rapport que la ligne populiste ultraconservatrice a pris largement le dessus au sein de l'administration américaine, ce qui a fait tomber de son piédestal l'image de l'oncle Sam dans le monde. D'ailleurs, les USA reculent, d'après Anholt-GFK Nations Brands Index, de la première place à la sixième, loin derrière l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, le Canada, et le Japon. Jusqu'à où va alors Donald Trump dans ses excès, ses tweets xénophobes, ses sorties médiatiques pour le moins hasardeuses ?