Le séminaire international «Cœur de l'enfant», qui s'est articulé en cette deuxième édition, sur la prise en charge néonatale des cardiopathies congénitales, s'est clôturé hier, dans une ambiance nourrie d'un échange de plusieurs expériences de différents experts de par le monde. Dans son intervention, Pr Toufik Laiche Achour, chef de service d'anesthésie réanimation au CHU Hussein Dey d'Alger, s'est penché sur l'amélioration de la prise en charge néonatale des cardiopathies congénitales, du point de vue de l'anesthésiste réanimateur. «La prise en charge de ces cardiopathies congénitales infantiles en Afrique et dans les pays à revenu moyens ou bas, posent encore d'énormes difficultés de diagnostic et d'accès au traitement, notamment chirurgical, contribuant ainsi à une augmentation de la mortalité et de la morbidité infantile», affirme Pr Laiche. Pour lui, «les progrès de la réanimation pédiatrique, la cardio-chirurgie et la cardiologie ont eu deux conséquences majeures pour l'anesthésie. Premièrement, on opère de plus en plus tôt des cardiopathies des plus complexes, ce qui centralise ces interventions dans des centres dédiés à ce type de traitement. Et deuxièmement, les enfants qui survivent sont de plus en plus nombreux, soit qu'ils aient bénéficié d'une correction totale, soit subir une palliation non-anatomique». De ce fait, ajoute-t-il, il n'est pas rare de les retrouver ultérieurement pour une intervention de chirurgie non-cardiaque. Pour cela, ajoute Pr Laiche, «il est donc important que chaque anesthésiste ait des notions de base sur les cardiopathies congénitales, même si les cas complexes doivent être pris en charge dans des centres, où pratiquent des médecins anesthésistes investis dans ce domaine». Concernant les solutions a mettre en place, il précise qu'«il faut proposer des actions d'amélioration dans l'orientation des grossesses, dont le fœtus porte une cardiopathie congénitale, vers des maternités niveau 3 ; ces maternités doivent être structurées en pole, regroupant un service de maternité, chirurgie néonatologie, cardiologie pédiatrique, chirurgie cardiaque pédiatrique, et aussi une service d'anesthésie réanimation». «Tout cela, avec bien sûr, des compétences approfondies en circulation extra-corporelle chez le nouveau né ECMO. Ce dernier service est le coordinateur de ce pole», a-t-il appuyé. «Le perfectionnement de ce pole d'excellence doit s'inscrire dans un partenariat durable avec un centre référent de niveau mondial. Ce perfectionnement doit concerner tout les membres et au même temps», a-t-il conclu. Sténose aortique néonatale, l'expérience suisse Dans son intervention, Pr René Prêtre, chef du service de chirurgie cardio-vasculaire du CHU Vaudois, également professeur à l'Université de Lausanne en Suisse, a expliqué la sténose aortique congénitale, une cardiopathie congénitale consistant en un rétrécissement de la voie d'éjection gauche de la valve aortique. «La sténose aortique néonatale est une urgence médicale. Habituellement, elle peut être traitée par angioplastie percutanée, ou par une commissurotomie chirurgicale. Cette deuxième option a le désavantage de nécessiter une circulation extra -corporelle dans la fragile période néonatale, mais à l'énorme avantage de contrôler précisément l'ouverture d'une ou deux commissures», précise le Pr Prêtre, ajoutant que «tant l'ouverture que la fermeture de la valve sont supérieurs aux valeurs obtenues par une dilatation à l'aveugle. Certaines valves sont si dystrophiques que leurs remplacement est inévitable». «Dans cette situation critique», ajoute-t-il, «la commissurotomie chirurgicale réussit à améliorer l'hémodynamique de manière satisfaisante, pour retarder le remplacement valvulaire par une opération de ROSS-Kono de quelques mois». Précisant que «cette opération est pratiquement délicate à effecteur en période néonatale, alors qu'elle retrouve une difficulté normale après quelques mois». Traitement palliatif De son coté le Professeur Driss Boumzebra, chef de service de chirurgie cardiovasculaire du CHU Mohammed VI de Marrakech, a expliqué le traitement chirurgical palliatif des cardiopathies congénitales en période néonatale. Il affirme que «le traitement palliatif des cardiopathies congénitales en période néonatale visent, soit à augmenter le débit pulmonaire pour les cardiopathies avec obstacle sur la voie pulmonaire, soit à réduire le débit pulmonaire en cas de Cerclage de l'artère pulmonaire, ou l'augmentation du ménage sanguin à l'étage atrial, en cas d'hypoxémie systématique». Concernant les procédures du traitement palliatives, il dit qu'«ils sont classiquement réalisées chirurgicalement, car actuellement, des techniques interventionnelles et non invasives sont rentrées en compétition avec les techniques traditionnelles». Pour ce qui de la situation de ce type de traitement en Afrique, «les procédures sont plus réalisées en dehors de la période néonatale du fait du retard diagnostique et du manque de plateau technique spécialisé», conclu-t-il.