«D'ici deux années, on règlera au moins 50% du problème des malformations congénitales», estime le Pr Bourezak, chef de service chirurgie cardiovasculaire. En Algérie, 3500 malades, entre enfants et adultes, atteints de cardiopathie congénitale sont en liste d'attente au niveau de la clinique médico-chirurgicale de Bou Ismaïl (Tipasa). Une situation qui démontre, aujourd'hui, l'urgence de leur prise en charge. «A un moment donné, le constat était devenu dramatique», a affirmé, hier, lors d'une conférence de presse, le professeur Salah Eddine Bourezak, chef de service chirurgie cardio-vasculaire à l'établissement hospitalier spécialisé Mohamed-Abderrahmani. Ces malades, souligne-t-il, étaient soit transférés pour soins à l'étranger ou pris en charge par des équipes chirurgico-médicales étrangères missionnaires en Algérie. Une situation qui n'a pas laissé les pouvoirs publics indifférents puisqu'il a été décidé de créer trois hôpitaux spécialisés en cardiologie et chirurgie cardio-pédiatrique à Annaba, Tizi-Ouzou et Alger. Concernant la capitale, l'appel d'offres est déjà lancé pour sa réalisation, indique le Pr Bourezak. Le centre pédiatrique de Canastel à Oran sera, également, reconverti en hôpital de cardiologie. Ces structures nécessitent bien évidemment un accompagnement et un renforcement des équipes médicales. C'est justement l'objectif essentiel fixé à la coopération établie avec des équipes françaises, jordaniennes, suisses, et sud-africaines composées d'un chirurgien, un médecin anesthésiste-réanimateur, un cardio-pédiatre et un perfusionniste. Les Canadiens sont prêts aussi à intervenir dans la chirurgie cardiaque infantile. «En plus des interventions qu'elles effectuent, ces équipes forment et enseignent le personnel», fait savoir le Pr. Bourezak. Ce dernier table sur une réalisation d'opérations se situant entre 100 et 200 par an dans le cadre d'une quinzaine de missions. La première équipe jordanienne, note-t-il, s'est déplacée entre le 26 janvier et le 2 février 2007 à Alger. L'équipe française achèvera, aujourd'hui, sa mission. Le programme de coopération s'étalera sur 18 mois pour la préparation des équipes médicales algériennes et entre 4 et 5 années pour leur accompagnement. Il faut noter que six enfants âgés entre 2 et 13 ans, atteints de malformation congénitale, dite «enfant bleu», ont été opérés par une équipe médicale française à l'EHS de cardiologie Mohamed-Abderrahmani. Ces interventions ont été effectuées par le Pr Sylvain Chauvaud, de l'Hôpital européen Georges Pompidou (Paris) assisté par l'équipe chirurgicale du Bourezak. Le Pr Chauvaud a relevé le niveau «très satisfaisant» de la chirurgie pour adultes, en Algérie. Il a, toutefois, fait remarquer que ce type de chirurgie très pointue exige un personnel paramédical performant. C'est là le point noir, affirme le Pr Bourezak. Mettant l'accent sur les avantages de cette coopération, il a indiqué que les retombées financières sont «très importantes». Une seule prise en charge à l'étranger coûte 30.000 euros au Trésor public, a-t-il indiqué. «D'ici deux années, on règlera au moins 50% du problème des malformations congénitales», a-t-il encore déclaré. Par ailleurs, s'exprimant sur la greffe d'organes en Algérie, le Pr Bourezak considère que cette question nécessite l'implication de toutes les institutions de l'Etat. Cependant, le problème réside, selon lui, dans l'absence de campagnes d'information sur ce sujet.