Quoi que l'on puisse dire, ce n'est pas médire que de constater le flou qui entoure le prestigieux parti, le FLN de tous les fronts, de tous les combats. Certains parlent de crise, d'autres de malaise lié à une conjoncture sénatoriale. Toujours est-il que ce parti, dont le comité central, qui ne s'est pas réuni depuis deux ans, n'est plus le même. Hier unique, libérateur et rassembleur, il aura fédéré le sentiment nationaliste qui habite tout patriote en mal de repères idéologiques. Aujourd'hui, le citoyen lambda, sans y être encarté, ose à peine déplorer, pour ne pas être taxé d'opposant systématique. En fait, ce sigle emblématique aura subi le mal qui ronge tout le pays : l'entrisme par le bas. Et inutile de citer ces députés devenus potentats grâce à la «chkara» pour mesurer ce mal. Ils ont torpillé l'âme de ce parti, sa raison d'être. Du coup, un homme d'esprit dans la solitude la plus absolue, ne trouve plus les mots pour qualifier ces «hommes politiques» qui se targuent de représenter, de militer… Ça a de quoi se divertir, mais c'est du sérieux. Sérieux, car on s'imagine mal la fantaisie, si des anciens du Fis-dissous rejoignaient, par un tour de passe-passe quelconque, le FFS ou le RCD. Ça serait la fin de toute crédibilité à la chose politique, et la République ne serait qu'une chose apparentée à du bananière. L'opinion publique n'est pas dupe, et cet anachronisme entre les élus parachutés et les militants de base du FLN, ne sert ni l'intérêt public, ni le moteur censé turbiner, au niveau tant central que local, pour le bien de l'appareil partisan. L'opulence affichée par certains est de notoriété publique. Ils ont fait pénétrer leurs affidés dans des assemblées locales, des mouhafadhas, des syndicats d'entreprise et des associations sportives ou autres, en payant des hommes de main. La cohésion sociale ne peut qu'en pâtir, quand des sbires imposent leur clanisme, leur diktat, loin de tout courant politique défini. Seul l'argent est leur langage dans ce marécage sans ambages. Avec ça, comment définir l'intérêt public, quand le parti se retrouve représenté par des recruteurs, non pas une chaire politique, mais pour une engeance à la recherche de gains et de profits. Le militantisme, censé être acte bénévole et gratuit, a perdu son sens avec ces pontes locaux, à faible niveau de conscience politique. Connus, surtout pour leurs frasques et leurs écarts de langage, ils se maintiennent en s'affichant évidemment auprès de ministres et de personnalités de pouvoir. C'est ainsi qu'ils sont devenus, au regard du citoyen lambda, la tare, l'imperfection inscrite insidieusement au fronton du FLN. Tel un déni de grossesse chez la femme, que la médecine moderne peine à cerner, le déni de la cooptation de ces affairistes est aussi complexe, parfois inexplicable. Entrés par le coté cour de l'immeuble, coté infecte de l'argent sale, ces affairistes minent et en avilissent la façade. Opportunistes, ils aspirent même à devenir sénateurs, lors du vote de fin décembre. Et comme pour le Senat, l'affaire se joue en interne, que tous les militants ne sont pas tous électeurs, l'on imagine les combines et les magouilles qui alimentent le plateau électoral. Sans trop se préoccuper du malaise ou de la crise dans les entrailles du parti, les profiteurs sont encore sur les rails. Le prochain Congrès a décidemment du pain sur la planche, s'il veut redorer le blason de ce parti miné jusqu'à l'os. Et ça n'est pas une carte partisane qui le dit…