En dépit de l'«opposition» du FLN et du silence du RND, le MSP plaide pour des listes communes en vue des prochaines élections. Soltani peine mais ne désespère pas. Fraîchement désigné à la tête de l'Alliance présidentielle, il s'est donné pour première «mission» - mais combien difficile voire impossible de l'avis de certains commentateurs- de rassembler, sous le drapeau de l'alliance, les listes électorales des trois partis en vue d'affronter les prochaines consultations -législatives et locales de 2007- qui pointent déjà à l'horizon. Invité, jeudi 16 juin, à l'émission «Qanâate», le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP) a volontiers laissé entendre la faisabilité d'une telle démarche commune pour peu, a-t-il plaidé, que ses deux alliés, le FLN et le RND en l'occurrence, ne fassent pas «preuve d'égoïsme et de fanatisme partisan». C'est assurément en direction de Abdelaziz Belkhadem que cette flèche subtilement «voilée» a été décochée. Le secrétaire général du FLN, rappelle-t-on, avait, dans une rhétorique non moins éloquente, écarté toute idée ayant trait aux listes communes en considérant «le moment encore inopportun». L'on sait combien est forte l'envie de l'ancien parti unique d'éterniser sa main basse sur les institutions élues sur lesquelles il règne sans partage depuis 2002. Et rien ne laisse présager, sauf surprise de dernière minute, un fléchissement dans sa position à moins que... le parti d'Ahmed Ouyahia n'ait pas à ce jour dévoilé toutes ses cartes. Au RND c'est la loi politique du wait and see qui prévaut. Le même voeu a d'ailleurs été émis par M.Soltani pour ce qui est des élections partielles en Kabylie qui seront organisées, selon certains titres de presse dont L'Expression, dès septembre prochain. Pour autant, ce n'est pas seulement sur les divergences entre les trois partis que M.Soltani s'est longuement étalé. En redoutable manoeuvrier, soufflant à plaisir le chaud et le froid, il s'enorgueillit de l'existence de l'organisme politique qu'il préside actuellement. Mercredi 16 juin, lors du deuxième colloque international sur le défunt Mahfoud Nahnah- fondateur et ancien président du MSP - dans la capitale, il a qualifié l'alliance de «réalité concrète et avérée». Comme au sein de celle-ci où l'unité est loin d'être la première des vocations, l'ambiance à l'intérieur du parti islamiste, depuis la désignation «unilatérale» de Soltani comme ministre d'Etat au gouvernement fait l'objet d'un malaise que les instances dirigeantes ont vite étouffé. Le numéro un du parti, lui, calme la foule en légitimant l'existence de divergences lesquelles dénotent, à ses dires, la «bonne santé» du MSP. Sans les nommer, «les gens ne se sont pas habitués encore aux positions intermédiaires au sein des partis comme le MSP» a-t-il clamé. Cette question qui a durant plusieurs jours fait couler beaucoup d'encre semble être définitivement close et M.Soltani en est sorti la tête haute. Et se permet, à dessein, de jouer aux politologues sur un ton académicien qui frôle toutefois l'amateurisme en mettant à profit sa tribune pour «glorifier» la ligne politique - l'entrisme - qui a fait de son parti le héraut des paradoxes au slogan: un pied dans le gouvernement, l'autre dans l'opposition. C'est là, une conduite- menée avec maestria par feu Nahnah- et une école qui «séduit les hommes» à laquelle le parti continuera, plus qu'avant, de souscrire. «La participation politique (l'entrisme dans le langage de l'ex-Hamas) est à la fois un principe et une méthode de travail au service des intérêts de l'Etat et de la société», «c'est une avancée sur la voie du projet de la réforme politique», «elle est également une voie transparente en matière de coopération avec tous ceux qui partagent nos convictions...», a-t-il tenté de convaincre, car il demeure très peu probable d'aligner les positions des trois partis tant les discordances sont patentes. Pour ce faire: les militants du MSP sont prêts - «quelle que soit notre position politique» dit-il- à se faire hara-kiri.