«Le citoyen n'a que faire de tels discours. Ce dont il a besoin, c'est de voir son niveau de vie s'améliorer Cette campagne électorale s'applique sur le jeu des intrigues où l'écheveau doit être démêlé stricto sensu, pour bien déceler le contenu de sa démarche globale. Les sorties médiatiques et sur le terrain des partis politiques dans le cadre de la campagne, montrent un certain triomphalisme des uns et le volontarisme béat des autres. Dans ce sens, le Rassemblement national démocratique (RND), s'évertue à incarner le programme du gouvernement et de la majorité qui gère les grands dossiers économiques, financiers et sociaux du pays en présentant la situation comme un défi national au dénouement heureux. Le porte-parole du RND, Seddik Chihab, construit toute sa campagne électorale sur l'idée que «le parti a élaboré des propositions concrètes pour améliorer l'action des Assemblées élues au niveau des communes et des wilayas», en appelant ceux qui dénigrent le travail de l'Exécutif (allusion faite aux partis de l'opposition) à «formuler de véritables alternatives et ne pas se contenter de critiquer l'action du gouvernement», rétorque-t-il. Ce ne sont que des généralités couvertes d'une couche politique loin de s'incruster dans les fins fonds des préoccupations majeures des citoyens qui se débattent dans une spirale intenable de la crise économique aux relents socio-politiques qui pourraient dégénérer en un désastre incontrôlable. Le RND qui se positionne en rival potentiel par rapport à son alter ego qui n'est autre que le Front de Libération nationale (FLN), emprunte la même démarche que ce dernier pour faire du programme du gouvernement son fer de lance dans cette campagne électorale, en sommant les formations politiques qui ne se reconnaissent pas dans le giron de la majorité à ne pas se contenter de critiquer le gouvernement et son action. A suivre les propos utilisés dans la campagne du RND, on comprend que les partis politiques qui ne font pas partie du gouvernement et de la majorité, n'ouvrent pas droit à la critique de l'action gouvernementale ni à émettre des réserves sur la prestation et la performance de l'Exécutif. Dans ce sens, le Rnd, à travers la voix de son porte-parole, Seddik Chihab, souligne que «ceux qui critiquent les partis de la majorité et le gouvernement doivent présenter des programmes alternatifs et convaincre le peuple, car axer son discours électoral sur les insuffisances de l'Exécutif et du système politique n'est d'aucune utilité», et d'ajouter que «le citoyen n'a que faire de tels discours. Ce dont il a besoin, c'est de voir son niveau de vie s'améliorer», déclare-t-il. Cette autosuffisance de la part du RND dénote de l'approche linéaire suivie par ses éléments qui animent cette campagne sans avoir un aperçu exhaustif sur les vrais dossiers qui caractérisent l'élection locale et ses spécificités propres. Le FLN use de la même sémantique en recourant au même triomphalisme du RND avec un discours qui lui est cher sur le plan programmatique. Le FLN fait de l'unité nationale son leitmotiv, il ergote sur les acquis que c'est grâce à lui qu'aujourd'hui le pays est sauvegardé. Ce dernier fustige aussi les autres formations politiques en usant d'un langage qui minore la portée des autres partenaires politiques qui se contentent de critiquer et jouer sur certaines imperfections du gouvernement et de sa majorité. Le volontarisme politique prend de l'ampleur dans cette campagne électorale pour le compte des locales du 23 novembre prochain. Le discours de certains partis politiques semble se noyer dans le virtuel, quand on s'aperçoit que normalement la campagne électorale des locales est censée s'arc-bouter sur des thèmes précis de nature à traiter des questions proches du citoyen et de sa proximité. Le cas de Abdelaziz Belaïd, le président du Front El Moustakbal, montre que le déphasage avec le discours des locales n'est pas à démontrer. Il fait recours à un discours aux antipodes de l'exigence qu'impose l'élection locale et ses nécessités d'asseoir et mettre en place les leviers d'une solution locale des problèmes du citoyen, tels que le problème de l'eau, le logement, la scolarisation et les infrastructures de base. Abdelaziz Belaïd est toujours dans l'ambiance de la présidentielle de 2014, il suggère dans le cadre de la campagne pour les locales prochaines qu'«il y ait de la solidarité entre tous les Algériens pour faire face aux menaces qui guettent le pays», et d'ajouter que «le dialogue doit être ouvert à toutes les composantes de la société», martèle-t-il. Est-ce un discours qui est en synergie avec les réalités locales? Ce volontarisme fait dans des escapades politiques qui dénotent du manque d'imagination et de propositions concrètes en rapport avec les problèmes directs des citoyens dans leurs communes et wilayas respectives.Ce discours trouve une sorte d'échappatoire dans l'«arsenal» discursif du président de TAJ, Amar Ghoul, qui s'arroge le droit de dire que «TAJ est le parti du peuple, et nous représentons le peuple», dit-il. Amar Ghoul se croit avoir le vent en poupe à telle enseigne qu'il use d'une phraséologie politique qui renseigne sur la masse du populisme qui vient de l'envahir. La démesure prend tout son sens dans cette campagne électorale qui fait des caprices et des fantasmes politiques une espèce de réalité pour ces affidés de l'irréel et des sornettes mal ajustées et d'un mauvais scénario politique. Dans la même lancée, Amar Ghoul se targue de dire que «le parti TAJ représente le miroir des objectifs de la société et notre parti est celui du peuple en premier lieu et celui de l'Etat par excellence». Le discours de Amar Ghoul se rapporte à des dimensions qui obéissent à l'effet de marketing plus qu'à un programme qui s'adresse à une réalité économique et sociale dans laquelle sont empêtrées nos communes et nos wilayas. Dans cette foulée d'une campagne électorale loin d'être convaincante, il y a d'autres formations politiques qui cultivent le discours de la prudence et de l'indispensable vigilance des citoyens pour défendre leurs voix et les appeler à rompre avec les comportements, incitant à la non-participation et à l'abstention. C'est une manière de responsabiliser le citoyen et l'impliquer dans cette situation qui le concerne directement. Dans ce sillage, le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Abdelmadjid Menasra, use d'un discours péremptoire en indiquant que «les critiques et les dénonciations ne servent à rien et que ce qui, réellement, peut changer la situation c'est l'acte de voter». C'est la même démarche que le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati qui a souligné que «l'abstention est contreproductive et n'est pas dans l'intérêt du citoyen qui doit s'impliquer totalement dans l'opération électorale et prévenir ainsi les manipulations». Le Parti des travailleurs (PT), à travers sa secrétaire générale, Louisa Hanoune, adopte et prône un discours hybride caractérisé par le manque de cohérence dans sa substance qui dégage une sorte d'anachronisme entre le volet politique et celui de l'économie. Elle en appelle à des alliances avec d'autres partis politiques, mais il faut que «les programmes des partis politiques intéressés soient en convergence avec celui du PT», argue-t-elle. La campagne électorale en perspective des élections locales du 23 novembre prochain, se présente comme une espèce d'agora où les formations politiques et leurs candidats usent d'un discours qui oscille entre le triomphalisme débordant d'un côté et d'un volontarisme qui frise le populisme de l'autre. Dans les deux cas de figure, le discours des partis en lice dans les joutes des locales prochaines, a sacrifié les préoccupations du citoyen lambda sur l'autel des calculs sordides et électoralistes.