Le bilan s'alourdit. En une semaine, plus de 250 candidats à l'émigration clandestine ont été interceptés et/ou sauvés par les gardes-côtes et les pêcheurs algériens le long du littoral. La scène locale des wilayas d'Oran et Mostaganem, s'est distinguée, courant cette semaine, par une montée de ce phénomène social marquant. «El-harga» ayant pris des proportions alarmantes, dit long sur le chiendent quotidien ! Rien que ce jeudi 6 décembre, 25 candidats à l'émigration clandestine, dont une femme et un nourrisson, ont été secourus par le corps de sécurités de la wilaya d'Oran et de Mostaganem. Selon la cellule de communication des garde-côtes d'Oran, onze candidats à l'émigration clandestine ont été interceptés, jeudi, au nord-ouest de Cap Falcon, par les unités du groupement territorial. Ces 11 harragas ayant tenté leur aventure en mer, ont pris le départ à partir d'une des plages d'Aïn El Turck, à bord d'une embarcation pneumatique avant leur interception, a-t-on précisé. Parallèlement, le groupement territorial des garde-côtes de Mostaganem a pu sauver quatorze autres harragas, dont une femme et un nourrisson. Les unités flottantes des garde-côtes ont réussi à les secourir, après que leur embarcation tombe en panne. Ils avaient pris le départ dans la nuit du mercredi de la plage de Chaibia, dans la commune de Benabdelmalek Ramdane (37 km à l'est de Mostaganem), a-t-on ajouté. Décidément, rien ne pourra dissuader ces Algériens, de tous âges et des deux sexes, risquant leur vie pour rejoindre l'Espagne ou l'Italie. Faisant fi des conditions climatiques et des saisons, l'essentiel pour eux est de déguerpir ce pays. Pour cela, les felouques des harragas se portent, faut-il le signaler, bien ! C'est normal ! C'est devenu un marché lucratif pour les trafiquants d'êtres humains, qui pour le passage de chaque migrant, empochent en moyenne 20.000 dinars, selon les chiffres de l'OIM. Le nombre des tentatives d'émigration clandestine va certainement augmenter avant la fin de l'année 2018. Certaines risquent d'être déjouées par la marine algérienne, d'autres réussiront à atteindre l'autre coté, alors que parmi ces harragas, nombreux vont y laisser leur vie. Comme c'est le cas des dizaines de leurs prédécesseurs, issus d'Alger, de Tizi Ouzou, d'Annaba, Tiaret, … ayant disparu en mer dernièrement. Cependant, chaque jour que Dieu fait, el harga se porte encore et toujours bien ! C'est même la ruée vers l'émigration clandestine. Plusieurs plages du nord ont été et vont être le théâtre de rassemblements de centaines de jeunes, dont des femmes et des enfants aussi, candidats à l'émigration clandestine. Incitation à la harga sur le Net Jeunes et moins jeunes embarqués dans des felouques de fortune, se filment tout sourire, quittant les côtes algériennes en direction de l'Espagne ou de l'Italie. Résolus à rejoindre l'autre bord de la Méditerranée, ils se disent en quête d'une «vie meilleure». Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux se multiplient sur la Toile, et interpellent les internautes. Des vidéos montrent des embarcations appelant leurs amis ou frères, de tenter à leur tour cette aventure. Ils y manifestent également leur enthousiasme à l'idée de «quitter le pays», en invitant leurs amis à «vaincre la peur» et à «goûter à l'aventure». Des extraits devenus viraux donnent l'image que gagner clandestinement le Vieux continent serait une partie de plaisir. Parmi les formules choisies par ces harraga pour motiver leur traversée pour le moins risquée, on entend dans ces extraits : «Plutôt se faire manger par des requins que rester en Algérie», «On se retrouvera dans des jours meilleurs», «Fini la misère !»… D'autres n'hésitent pas à fredonner les chants de Babour el Louh, du groupe Ouled el Bahdja, qui incite les jeunes à risquer leur vie dans un «boti» pour rejoindre l'autre rive de la méditerranée.