Le 13e festival national du théâtre professionnel est organisé en hommage à Sonia. Durant cette manifestation, le prix Mustapha Kateb sera decerné pour la première fois. Les organisateurs ont pensé à ces deux grands artistes qui ont consacré leur vie au 4e art. Le 13e festival national du théâtre professionnel, qui se tiendra du 22 au 31 décembre courant, sera organisé en hommage à la grande comédienne, actrice et militante Sonia qui nous a quittés le 13 mai dernier à l'âge de 65 ans. Si Mustapha Kateb était considéré parmi les fondateurs du théâtre moderne en Algérie, Sonia était parmi les chefs de file du théâtre engagé. Mustapha Kateb qui a dirigé la troupe artistique du FLN durant la révolution a continué sa mission au lendemain de l'indépendance lorsqu'il fut nommé directeur du TNA. Par la suite, Kateb a laissé le flambeau à des jeunes formés au niveau de l'institut qu'il avait créé à Bordj El Kiffan. Parmi ces jeunes, il y avait Sonia. Cette femme avait connu le théâtre sous toutes ses facettes. Elle était aussi bonne comédienne que metteur en scène que directrice puisqu' elle fut appelée à diriger le théâtre régional de Skikda. La continuité Avec ses amis Azeddine Medjoubi et M'hamed Benguettaf, elle avait formé l'un des plus beaux trio. Elle avait fait partie de la troupe «El Qelaâ» avec la même équipe ainsi que du metteur en scène Ziani Cherif Ayad. Des son jeune âge, Sonia avait brillé en jouant aux côtés de Azeddine Medjoubi et en chantant Nouara Benti dans la pièce Hafila Tassir, une adaptation réussie de Boubekeur Makhoukh à partir du «Voleur d'autobus» de Ihsane Abdel qouddous. On garde l'image de Sonia dans «Galou Lârab Galou» comme on garde son image se déplaçant sur la grande scène du TNA (Théâtre national algérien) dans le monologue Fatma. Sonia, de son vrai nom Sakina Mekkiou n'avait pas peur de la scène ni du public ni des grands comédiens tels que Abdelkader Alloula, M'hamed Benguettaf ou Sid Ahmed Agoumi qui avaient déjà donné leurs preuves en jouant dans des pièces avec les monuments du théâtre de l'ancienne génération tels que Abderrahmane Kaki, Hassan Hassani, Rouiched et Keltoum. Sonia était parmi ces brillantes comédiennes telles que Dalila et Fatima Hlilou qui ont osé avec succès monter sur scène et briller alors que des artistes de la trempe de Nouria, Chafia Boudraâ et Fatiha Berber dominaient toujours la scène artistique. Sonia était une artiste de la nouvelle génération, mais qui avait beaucoup appris de ses prédécesseurs. Elle avait ce don des grands comédiens qui se trouvaient à l'aise, aussi bien dans des rôles dramatiques que comiques. Dotée d'une grande culture, Sonia était une battante. Même pendant la décennie noire, elle ne pensait qu'au théâtre. La comédienne a toujours pris son métier avec sérieux. D'ailleurs, elle ne s'est pas contenté de ses dons puisqu'elle a suivi une formation à l'Institut supérieur des métiers des arts de la scène (Ismas) de Bordj El Kiffan alors qu'elle n'avait que 17 ans. Un devoir Son sérieux l'a menée plus à revenir à cet institut en tant que directrice. Elle aura également à diriger les théâtres régionaux de Skikda et Annaba, mais cela ne l'empêchera pas de continuer à produire et se produire sur scène. Sa dernière pièce qu'elle a montée avec Mustapha Ayad était Sans Titre. On était en 2011. Sonia souffrait déjà, mais en silence. D'ailleurs sa maladie n'a pas été médiatisée. Sonia était de ces artistes qui ne parlaient pas de leurs souffrances, mais de leurs projets. Sonia ne pensait pas à elle-même, elle ne pensait qu'au théâtre. Ayant pris sa retraite en 2015 après 40 ans passées sur les scènes de théâtres régionaux, nationaux et internationaux, Sonia avait décidé de se consacrer à l'écriture théâtrale. Côté cinéma, elle jouera dans le film «En attendant les hirondelles» ( 2017) de Karim Moussaoui. Sonia qu'on ne reverra plus sur scène était une star discrète. Tout comme Mustapha Kateb, elle a consacré tout son temps au 4e art. Un festival en hommage à la grande comédienne et au grand homme de théâtre qu'était Kateb, ce n'est qu'un devoir.