Pour la première fois depuis l'attaque du centre commercial Westgate de Nairobi, qui a coûté la vie à au moins 67 personnes, les assaillants islamistes apparaissent sur des vidéos de surveillance. Avec une nonchalance à faire froid dans le dos. Sur les images qui semblent toutes provenir du grand supermarché situé dans le centre commercial, les agresseurs sont quatre, munis de kalachnikov. Calmes, ils arpentent le bâtiment et semblent rechercher de nouvelles victimes. Selon les indications fournies sur les images, il est alors autour de 17H00 (14H00 GMT) en ce funeste 21 septembre. L'assaut du centre commercial, entamé à la mi-journée, a déjà fait de nombreuses victimes. Beaucoup de témoins du carnage ont raconté comment le commando islamiste avait pénétré dans le bâtiment, lançant des grenades et mitraillant aveuglément la foule de commerçants et de clients - Kényans ou expatriés - venus faire leurs courses du week-end. Quelques heures après le début de l'attaque, les agresseurs semblent avoir abattu la majeure partie de leurs victimes. Ils portent des sacs à dos, vraisemblablement remplis des munitions qui leur permettront de tenir plusieurs jours face aux forces kényanes et étrangères venues les aider. Les images ne montrent qu'une partie des lieux et ne révèlent rien de ce qui s'est passé dans le bâtiment principal. Mais deux semaines après le massacre, elles pourraient tout de même s'avérer cruciales pour faire avancer une enquête qui laisse encore de nombreuses questions en suspens, notamment sur l'identité des assaillants. Calme, au téléphone Les autorités kényanes, qui avançaient depuis le début que les agresseurs étaient entre 10 et 15, ont revu samedi ces nombres à la baisse. Le chef de la police kényane, David Kimaiyo, parle désormais de quatre à six assaillants, une estimation qui correspond plus aux images de surveillance recueillies. Sur celles-ci n'apparaît pas non plus de femme. Dès le début de l'attaque, la présence au sein du commando de la Britannique Samantha Lewthwaite, veuve d'un des kamikazes des attentats de Londres de 2005, avait été évoquée par les autorités, qui avaient rapidement rétropédalé, et la presse. Les shebab avaient immédiatement démenti sa participation à l'opération. Et la police kényane a à son tour confirmé samedi que les agresseurs étaient tous des hommes. D'autres questions persistent cependant, comme la nationalité de certains islamistes. Trois d'entre eux au moins auraient été identifiés, selon une source policière: il s'agirait de deux Somaliens - Abu Baraal Al Sudani, Khatab Ali Khane - et un Kényan d'origine somalienne - Omar Nabhan. Mais si les membres du commando étaient plus nombreux, d'autres étrangers, notamment américains et britanniques, se trouvaient-ils aussi parmi eux? Sur les images de sécurité, les agresseurs apparaissent aussi un moment dans le rayon boulangerie du supermarché. Un autre arpente les allées de caisses, donnant des coups sur les écrans des ordinateurs. Il semble discuter sur son téléphone portable, potentiellement en communication avec les autres agresseurs ou des complices à l'extérieur. Tout au long de l'attaque, les islamistes somaliens shebab, qui ont revendiqué l'assaut, ont affirmé être en contact direct avec le commando sur place. Sur leur compte Twitter, ils commentaient en direct. 15 jours après l'attaque, les enquêteurs kényans et étrangers continuent de fouiller le bâtiment, à la recherche d'indices ou de cadavres encore enfouis sous les décombres - une partie du bâtiment s'est effondrée pendant les affrontements avec les forces de l'ordre et 39 personnes sont, selon la Croix-Rouge, toujours portées disparues. Dans le bâtiment ravagé, il pourrait encore y avoir des corps de victimes, mais aussi d'assaillants: les autorités kényanes affirment en avoir tué cinq, mais n'ont jamais dit ce que les cadavres étaient devenus. En revendiquant l'attaque, les shebab ont de leur côté dit avoir agi en représailles à l'intervention militaire kényane en Somalie, lancée fin 2011. Ils ont promis de frapper encore plus fort si Nairobi ne retirait pas ses troupes. Le gouvernement kényan a d'ores et déjà affirmé qu'il ne se laisserait pas intimider, et qu'il entendait rester en Somalie.