La France, le Royaume-Uni, l'Espagne, l'Autriche, le Danemark et la Suède ont reconnu lundi le président de l'Assemblée vénézuélienne Juan Guaido en tant que chef de l'Etat par intérim. Le socialiste Nicolas Maduro, réélu à la tête de l'Etat en mai dernier, a en effet rejeté l'ultimatum que lui avaient fixé ces pays de l'UE, écartant l'hypothèse d'un nouveau scrutin présidentiel. Juan Guaido, chef de file de l'opposition, s'est autoproclamé chef d'Etat par intérim le 23 janvier. Sur Twitter, le président français Emmanuel Macron a annoncé que la France reconnaissait Juan Guaido comme «président en charge» pour mettre en œuvre un processus électoral. «Les Vénézuéliens ont le droit de s'exprimer librement et démocratiquement», a-t-il écrit. «La France reconnaît Juan Guaido comme président en charge pour mettre en œuvre un processus électoral. Nous soutenons le Groupe de contact, créé avec l'UE, dans cette période de transition». Le Kremlin a dénoncé l'initiative des pays européens comme une ingérence étrangère dans les affaires intérieures du Venezuela, en soulignant que ce sont les Vénézuéliens eux-mêmes qui doivent décider de leur avenir, pas des pays étrangers. Dans un entretien accordé à la chaîne espagnole Antena 3, enregistré la semaine dernière et diffusé dimanche, Nicolas Maduro a déclaré ne «pas se préoccuper de ce que dit l'Europe». «Nous ne recevons d'ultimatum de personne», a-t-il affirmé. «Je refuse de convoquer des élections maintenant. Il y en aura en 2024». Donald Trump, qui a reconnu dès le mois dernier Juan Guaido comme président, a dit ne pas exclure l'envoi de troupes américaines au Venezuela. «C'est certainement une option», a-t-il dit dimanche à CBS. Moscou et Pékin soutiennent Maduro La Russie, la Chine et la Turquie continuent à soutenir le dirigeant socialiste, qui bénéficie toujours de l'appui, primordial, des forces armées vénézuéliennes. Moscou, important bailleur de fonds du Venezuela ces dernières années, a appelé dimanche à la retenue. «L'objectif de la communauté internationale doit être d'aider (le Venezuela) sans ingérence destructrice de l'étranger», a estimé Alexandre Chtchetinine, directeur du département Amérique latine au ministère russe des Affaires étrangères, cité par l'agence de presse Interfax. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi dans tout le Venezuela pour réclamer le départ de Maduro, dont le second mandat a débuté le 10 janvier après sa réélection contestée de l'an dernier. L'ambassadeur du Venezuela en Irak, Jonathan Velasco, a été ce week-end le dernier responsable vénézuélien à reconnaître Juan Guaido comme président. Le général d'armée de l'air Francisco Yanez a, dans une vidéo, appelé les militaires à faire défection, mais pour l'heure, aucun signe ne laisse penser que son appel ait été suivi d'effets. Depuis plusieurs jours, Nicolas Maduro supervise régulièrement des exercices militaires afin de montrer qu'il a le soutien de l'armée et qu'elle est prête à défendre le pays.