Le Venezuela est en proie à une vive tension politique depuis que Juan Guaido, président de l'Assemblée nationale, s'est autoproclamé «président par intérim» le 23 janvier et a été reconnu à ce titre par les Etats-Unis et plusieurs autres pays d'Amérique latine et d'Europe. Les autorités vénézuéliennes ont appelé le peuple à la «mobilisation et l'union» et à soutenir une pétition lancée afin de collecter 10 millions de signatures rejetant les «menaces interventionnistes des Etats-Unis» dans les affaires internes du Venezuela, parallèlement aux appels au dialogue lancés par le président légitime Nicolas Maduro pour sortir le pays de sa crise actuelle. Le Venezuela est en proie à une vive tension politique depuis que Juan Guaido, président de l'Assemblée nationale, s'est autoproclamé «président par intérim» le 23 janvier et a été reconnu à ce titre par les Etats-Unis et plusieurs autres pays d'Amérique latine et d'Europe. Dans ce contexte, le président légitime Nicolas Maduro, soutenu également par plusieurs pays, a dénoncé une «tentative d'usurpation de la fonction présidentielle» et une «atteinte à la constitution», accusant les Etats-Unis d'être les instigateurs d'un coup d'Etat. Dans le cadre du lancement d'une pétition soutenue par le gouvernement afin de montrer que la plupart des Vénézuéliens refusent toute intervention étrangère dans leur pays, la vice-présidente vénézuélienne, Delcy Rodriguez, a appelé Juan Guaido à se placer «du bon côté de l'histoire» et à mettre fin à «la folie d'un appel à une invasion». Ce dernier avait laissé entendre que l'idée d'autoriser les Etats-Unis à intervenir militairement pour renverser le président Maduro était «une action à ne pas exclure». Signant cette pétition sur la place Bolivar, au centre de la capitale Caracas, Mme Rodriguez a appelé le président américain Donald Trump à respecter la souveraineté du Venezuela et à lever les sanctions économiques frappant son pays, tout en reprochant à l'Assemblée nationale contrôlée par l'opposition d'avoir débattu de l'autorisation ou non d'une intervention militaire étrangère au Venezuela. «Le peuple vénézuélien a clairement indiqué ce qu'il voulait : il veut la paix, il veut la tranquillité et continuer d'être gouverné par la révolution bolivarienne», a-t-elle indiqué, faisant référence à la politique menée par le Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV, au pouvoir). De son côté, l'ambassadeur du Venezuela auprès de l'Organisation des Nations unies, Jorge Valero, a invité tous les Vénézuéliens à rejoindre cette initiative, indiquant qu'«il importait à tous de défendre le pays contre les attaques politiques et les menaces interventionnistes des Etats-Unis». «Nous traversons un moment historique singulier, nous pourrions dire que nous sommes à l'époque de la seconde indépendance, car le destin du pays est en jeu», a déclaré Valero dans une vidéo diffusée par l'ambassade vénézuélienne via son compte officiel Twitter. L'ambassadeur s'est déplacé samedi sur la grande Place Bolivar à Caracas où il a signé la lettre ouverte du gouvernement vénézuélien à l'intention de la population américaine et dans laquelle il a exprimé le rejet des menaces d'intervention du gouvernement américain contre le Venezuela. «Aujourd'hui, il n'y a pas de place pour les ambiguïtés. Soit nous sommes avec la patrie, soit nous sommes avec la subordination, soit nous sommes avec la liberté du Venezuela ou avec l'esclavagisme d'autrefois», a-t-il souligné. Le gouvernement vénézuélien espère, à travers cette pétition nationale, collecter 10 millions de signatures et compte ensuite envoyer le document à la Maison-Blanche à Washington pour dénoncer «les actions interventionnistes et impérialistes», ont précisé les médias vénézuéliens. Exercices militaires Le président vénézuélien Nicolas Maduro a présidé dimanche des exercices militaires de grande envergure destinés à renforcer la défense anti-aérienne du pays. Avant le début des exercices, retransmis en direct à la télévision, Maduro a pris le soin d'examiner le matériel militaire, y compris les lance-roquettes utilisés par les forces armées vénézuéliennes. «Les exercices militaires vont durer jusqu'au 15 février et devraient ainsi être considérés comme les exercices les plus importants que Caracas ait jamais organisés au cours de son histoire vieille de 200 ans», a affirmé le président. Des soldats de l'armée de l'Air de la base de Fort Guicaipuro, dans l'Etat de Miranda (nord) ont déployé à cette occasion des missiles sol-air 9M317 et Igla-S. Le 9M317 est un missile à moyenne portée qui peut frapper des cibles jusqu'à 50 km de distance, tandis que l'Igla-S est un lance-missile portatif ayant une portée de six kilomètres. M. Maduro a en outre promis de faire les investissements suffisants pour son pays afin de renforcer les systèmes de défense anti-aérienne et anti-missile et même d'équiper la Milice bolivarienne avec «les missiles les plus modernes du monde». «Ces Igla-S, ainsi que des milliers et des milliers d'autres à venir, seront entre les mains du peuple (…) afin de rendre nos villes impénétrables», a-t-il lancé. La Milice bolivarienne est une force composée de volontaires civils fondée en 2008 pour suppléer les forces armées. Ces exercices militaires, menés à l'occasion du 200e anniversaire de la bataille historique d'Angostura, se poursuivront jusqu'à vendredi et interviennent alors que les tensions entre le gouvernement et l'opposition ont pris de l'ampleur depuis que le président Maduro a prêté serment pour un nouveau mandat le 10 janvier dernier. L'opposition, qui a boycotté l'élection présidentielle de mai 2018, refuse de reconnaître la réélection de Maduro et réclame un nouveau scrutin. Avec l'appui de Washington, elle a fait acheminer de l'aide humanitaire américaine aux frontières, mais s'en est vue refuser l'accès par les autorités locales, lesquelles soupçonnent qu'il s'agit là d'un «prétexte pour envahir le Venezuela». Nicolas Maduro accuse Washington de mettre en place une «coalition internationale» pour «commettre la folie d'intervenir militairement au Venezuela sous le prétexte d'une crise humanitaire inexistante».