Une délégation syndicale internationale a entamé lundi une mission au Qatar destinée à inspecter les conditions des travailleurs migrants sur les chantiers de ce pays du Golfe qui doit accueillir le Mondial de football 2022. La délégation de 18 membres de la Fédération internationale du bâtiment et du bois doit se rendre sur les sites de construction, puis élaborer un rapport. Cette mission va vérifier les conditions de travail sur les chantiers de construction du Qatar", a déclaré à la presse Gilles Letort du syndicat français CGT. Il a précisé que la mission avait été décidée avant les révélations le mois dernier du quotidien britannique le Guardian, faisant état de la mort de 44 ouvriers népalais sur les chantiers du Qatar. "C'est un projet qui s'est préparé depuis un an et qui n'est pas lié à la dernière campagne", a-t-il dit. "On vient vérifier, constater et après essayer de sensibiliser et d'agir pour améliorer le statut des travailleurs en fonction de ce que nous constaterons", a ajouté le responsable syndical. Le Qatar, richissime pays gazier et pétrolier du Golfe, est sous le feu des critiques à propos de l'exploitation des travailleurs migrants sur les énormes chantiers lancés en prévision du Mondial 2022. La confédération internationale des syndicats (CSI-ITUC) s'est élevée la semaine dernière contre la réaction "faible et décevante du Qatar" quant aux accusations sur les conditions des travailleurs migrants que certains médias ont assimilé à de l'esclavage. Le chef du Comité des droits de l'Homme du Qatar, Ali Al-Marri, a admis la semaine dernière certains abus, mais rejeté les accusations d'esclavagisme portées par le Guardian. Le ministre du Travail Ali Ahmad Al-Khalifi a de son côté promis de doubler le nombre d'inspecteurs du travail sur les chantiers à 150, une promesse qualifiée de "faible" par la CSI-ITUC. "Il y a déjà des inspecteurs mais leur présence n'a pas eu d'impact", a souligné le secrétaire général de la confédération syndicale Sharan Burrow. La CSI-ITUC a porté plainte en mars auprès du ministère du Travail du Qatar contre six compagnies locales après avoir été contacté par des ouvriers étrangers. Selon la confédération, le ministère du Travail qatari a reçu 6.000 plaintes d'ouvriers en 2012 tandis que l'ambassade d'Inde à Doha en a reçu 1.500 pour les cinq premiers mois de cette année. Selon l'organisation syndicale, les plaintes portent sur les conditions de travail, les salaires, la rétention des passeports des travailleurs migrants et les conditions de logement.