À moment donné, la Juventus a pensé s'être trompée avec le «transfert du siècle». Cristiano Ronaldo avait été recruté pour guider les Bianconeri vers le succès en Ligue des champions. Pourtant, après seulement 30 minutes lors de son premier match européen avec le club, et se retrouvait en larmes et discrédité, expulsé pour une faute sur le défenseur de Valence, Jeison Murillo. La réaction de Ronaldo sur cette action avait de quoi inquiéter la Juventus, en raison de l'émotion montrée par sa star. De plus, sa décision de dernière minute de ne pas se rendre à la cérémonie de l'UEFA après avoir appris qu'il avait été devancé par Luka Modric pour le prix de joueur de l'année au mois d'août posait également question sur sa capacité à gérer ses échecs. Son humeur et ses emportements étaient déjà objets d'éternels débats quand il était encore à Madrid. Coéquipiers ou supporters – comme après un derby perdu contre l'Atlético en 2016 – en avaient fait les frais. «Si nous jouions tous à mon niveau, nous serions peut-être premiers», déclarait-il à l'époque. «Je ne veux manquer de respect à personne, mais quand les meilleurs joueurs ne sont pas disponibles, c'est plus difficile de gagner. J'aime jouer avec Karim [Benzema], avec [Gareth] Bale, avec Marcelo». On craignait alors qu'il puisse faire de même quand le niveau s'élèverait pour la Juventus. Mais le Portugais est rapidement devenu un leader dans le vestiaire bianconeri grâce à son état esprit plus qu'à sa réputation. Après son arrivée, il déclarait ainsi que la Juve était «comme une famille, tout le monde y est ami». Sergio Ramos clamait, lui : «Ici [au Real] nous nous sommes toujours sentis comme une famille (…). Nous avons connu beaucoup de succès parce que nous étions une famille». Malgré les attentes autour de son transfert, il est arrivé dans le vestiaire sans en rajouter. Il s'est humblement mis en tête de tout mettre en œuvre pour rentrer dans l'histoire du club, ne laissant pas penser qu'il était venu en Italie à la légère. «C'est remarquable, Ronaldo s'entraîne et joue comme s'il avait mon âge», s'enthousiasme Joao Cancelo, 24 ans. Et Douglas Costa d'ajouter : «C'est impossible de suivre le rythme d'entraînement de Ronaldo. Quand on arrive il s'entraîne déjà ; quand on part il s'entraîne encore. Je n'ai jamais vu un joueur comme ça». Il a aussi surpris par son altruisme, montrant souvent autant de joie d'amener un but que de le marquer lui-même. Il a d'ailleurs déjà donné 9 passes décisives, une de plus que sur l'ensemble de la saison dernière. Et presque inévitablement, il est en tête du classement des buteurs avec 18 réalisations dans le championnat italien. Il n'a même pas semblé affecté en début de saison, alors qu'il tardait à ouvrir son compteur buts. L'impression qui se dégage est que Ronaldo et la Juve bénéficient de cette relation apaisée. Son entraîneur Massimiliano Allegri l'a félicité en tant que «leader», alors que Blaise Matuidi dit de lui qu'il inspire tous ceux qui l'entourent. «Il fait progresser l'équipe et rend ses coéquipiers meilleurs». Le capitaine Giorgio Chiellini a même admis en apprendre beaucoup du quintuple Ballon d'Or. «Je suis curieux et un bon observateur et avoir Ronaldo près de moi m'intéresse», explique le défenseur italien. «Il est comme [Usain] Bolt et [Roger] Federer et connaître les habitudes de ceux qui ont un truc en plus aide». Ronaldo a beau être l'un des sportifs les plus connus de la planète, il semble que son transfert à la Juve nous fasse découvrir une nouvelle facette de sa personnalité.