Des insurgés syriens ont tué au moins 190 civils et en ont pris plus de 200 en otages au cours d'une attaque en août dernier dans la province de Lattaquié, affirme vendredi l'ONG Human Rights Watch, qui parle là des premières preuves de crimes contre l'humanité commis par les forces de l'opposition. Selon HRW, un grand nombre de ces civils tués ont été exécutés par des insurgés, dont certains étaient liés au réseau Al Qaïda. Les rebelles avaient pris des positions militaires à l'aube du 4 août avant de pénétrer dans une dizaine de localités des environs, où vivent des alaouites -communauté issue d'une branche du chiisme, qui soutient le gouvernement de Bachar al Assad. Lors de son premier voyage autorisé par le régime en Syrie en deux ans et demi de conflit, HRW a recueilli des renseignements sur une série de tueries commises par les ennemis du gouvernement. Dans certains cas, des familles entières ont été exécutées, ou liquidées lorsque les insurgés se sont retirés, lit-on dans le rapport de HRW. L'ONG identifie cinq groupes rebelles qui ont joué un rôle dans le financement, l'organisation et le lancement des attaques dans la région de Lattaquié, parmi lesquels Djabhat al Nosra ainsi que l'Etat islamique d'Irak et au Levant -deux organisations liées à Al Qaïda- mais aussi le groupe islamique Ahrar al Cham. Ces groupes ont fait connaître leur participation à ces attaques via des vidéos et des communiqués, dont certains ont permis de corroborer le rapport de HRW. L'opération semble avoir été en grande partie financée par des donateurs basés dans le Golfe, écrit HRW. Ce qui est moins clair est le rôle des combattants de l'Armée syrienne libre (ASL), la branche armée de la principale coalition de l'opposition, qui est soutenue ouvertement par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et les pays sunnites du Golfe. Dans une vidéo mise en ligne le 11 août et filmée semble-t-il dans la province de Lattaquié, le chef de l'ASL, Salim Idriss, déclare que ses hommes ont pris part "dans une large mesure" à l'offensive. Mais Lama Fakih, qui a enquêté pendant plusieurs jours en septembre pour HRW dans la province de Lattaquié et a parlé à cette occasion à des habitants, à des miliciens, des soldats, des médecins et des responsables, a dit ne pas être en mesure de confirmer si l'ASL était présente le 4 août lorsque les atrocités ont été commises.