Les décisions de Bouteflika annoncées le 11 mars dans l'espoir de calmer la rue, qui s'est lancée comme un tsunami, promettant d'emporter sur son passage le système politique, n'ont pas produit l'effet espéré. Que fera le pouvoir après la mobilisation historique et sans précédent des Algériens à travers tout le pays ce 15 mars qui marquera à jamais l'Histoire du pays et la mémoire collective des citoyens ? Les décisions de Bouteflika annoncées le 11 mars dans l'espoir de calmer la rue, qui s'est lancée comme un tsunami, promettant d'emporter sur son passage le système politique, n'ont pas produit l'effet espéré. Bien au contraire, elles ont accentué la colère du peuple qui les a rejetées dans le fond et dans la forme. Ce vendredi 15 mars, plusieurs millions d'Algériens ont dit «NON» au prolongement du quatrième mandat et à une transition menée par le système actuel, accusé d'avoir mené le pays à la dérive. Que fera alors le système ? Des décisions seront certainement annoncées avant le cinquième vendredi de refus. Bouteflika va-t-il tout simplement démissionner ? L'article 102 sera-t-il actionné ? Le gouvernement confié à Bedoui, l'ancien ministre de l'Intérieur sous l'ère de qui tout le monde était réprimé (médécins, enseignants, journalistes…) sera-t-il sacrifié avant sa composition ? Le pouvoir est acculé et semble ne plus savoir quoi faire après avoir été lâché par tous. La rue exige le départ immédiat et sans condition du système et de ses figures, en premier lieu du chef de l'Etat et de son clan. Il est pour le moins malheureux qu'après 20 ans de règne sans partage, un homme mène son pays à une période de transition, alors qu'à quelques mois seulement de la contestation sans précédent de son passage, ses courtisans affirmaient que le pays est exportateur de stabilité, que l'ère des transitions est révolue en Algérie. Après les imposantes manifestations du 8 mars, le système a été contraint d'annoncer l'annulation du projet du cinquième mandat. Dans un message de Bouteflika, on a annoncé l'annulation de l'élection présidentielle et le prolongement du quatrième mandat jusqu'à l'élection d'un nouveau président, en passant par la tenue d'une conférence nationale, la révision de la Constitution, l'installation d'une instance indépendante d'organisation des élections. Un processus qui prendrait au minimum deux années, selon des constitutionnalistes. Un prolongement de mandat qui a suscité la colère des Algériens, qui ont dénoncé le mépris et l'entêtement du clan présidentiel à rester au pouvoir. «On voulait des élections sans Bouteflika, on se retrouve avec Bouteflika sans élections», ont dénoncé les manifestants vendredi. Dans le message du 11 mars, destiné à calmer la rue, Bouteflika a affirmé qu'il n'a jamais été question pour lui de cinquième mandat, en raison de son état de santé et de son âge. Or, dans son message où il a annoncé sa candidature, le 10 février, Bouteflika a confirmé qu'il n'a plus les «mêmes forces physiques qu'avant», expliquant qu'«en réponse à toutes les sollicitations et dans un esprit de continuité dans l'accomplissement d'un devoir ultime, j'annonce aujourd'hui ma candidature à l'élection présidentielle du mois d'avril prochain». Dans un premier temps, en réaction aux manifestations du 1er mars, a annoncé qu'il tient à sa candidature, tout en annonçant une présidentielle anticipée après son élection. Dans un deuxième temps, après les marches du 8 mars, il a annulé l'élection et prolongé son mandat. Que va-t-on faire après le tsunami humain du 15 mars ? En tout cas, une autre page de l'Histoire du pays est en train de s'écrire. Tous les partisans de Bouteflika, qui ont multiplié mensonges et manœuvres pour imposer le cinquième mandat, vécu comme une tentative d'humiliation nationale à laquelle le peuple répond par une humiliation sans précédent du clan présidentiel, se sont effacés. Ce clan est dépassé par les événements et l'ampleur de la mobilisation. Les mensonges du genre «Bouteflika a veillé toute la nuit pour écrire son message» de Sellal, «Nous avons collecté 6 millions de signatures» de Zaâlane et les menaces du genre «l'Etat a les moyens de maîtriser la rue» d'Ouyahia qui a fait miroiter sans honte le scénario de la Syrie ne branchent plus les Algériens. Ils sont déterminés à en finir avec un système qui a fait beaucoup de tort au pays. Le clan n'a plus sur quoi s'appuyer pour s'imposer. Il a perdu le contrôle de la Justice avec l'insurrection des juges. L'armée s'est positionnée avec le peuple. Que reste-t-il au clan, à part la petite porte de sortie ? A trop vouloir humilier le peuple, ils se sont fait humilier par le peuple !