La rue gronde encore à Bouira. Hier, à l'occasion de la journée de la Victoire, les employés des communes, des daïras, des directions de l'exécutif, de la santé, d'Algérie Poste, de l'Office national d'assainissement (ONA), de Naftal, Sonelgaz, les enseignants universitaires et les étudiants, ont marché pour réitérer les revendications exprimées par le mouvement populaire. Le départ du système, le non prolongement du 4e mandat et le rejet catégorique de toute tentative de transition proposée et guidée par le pouvoir, ce sont autant de slogans qui ont été scandés hier, à tue-tête, par des centaines de manifestants. Les manifestants scandent encore une fois que personne n'a été chargé pour parler en leur nom, et qu'ils ne comptent pas répondre à l'appel de Noureddine Bedoui. Des fonctionnaires de plusieurs communes, notamment Bechloul, El Esnam, El-Adjiba, ont fait le déplacement jusqu'au chef-lieu de wilaya, pour crier leur colère et leur frustration contre le système qui a bâillonné la société depuis l'Indépendance. Une foule nombreuse de manifestants qui se sont rassemblés à la placette de la maison de la culture Ali Zaâmoum, s'est recueillie à la mémoire des chouhada au Carré des martyrs, où une minute de silence a été observée et l'hymne national déclamé. Une gerbe de fleurs a été déposée par les manifestants. Les marcheurs, en rangs dispersés, ont sillonné plusieurs boulevards de la ville, qui s'est transformée en terrain de contestation depuis le 22 février dernier. C'est la ville où tous les mouvements de foule convergent, notamment les vendredis. Des dizaines de milliers de personnes s'y rendent, dans le but de prendre part à la contestation populaire contre le système politique. Ainsi, outre la manifestation dans la rue, l'administration publique a été paralysée par une grève générale. Le mot d'ordre a été largement suivi par plusieurs corporations, à l'exception du secteur de l'éducation.