Cette énième marche était composée de toutes les franges de la population. Elle a progressivement grossi en cours de route à travers notamment l'avenue Abdelhamid Benbadis et la rue des frères Bouketta. Les citoyens ont scandé «Makanch el khamsa ya Bouteflika, jibou l'BRI jibou saika !» (Ramenez le BRI ou les forces spéciales, Bouteflika, il n'y aura pas de 5e mandat), «C'est une République, pas une monarchie», «La nourid, la nourid Bouteflika oua Essaïd» (On ne veut ni de Bouteflika ni de Saïd), «FLN dégage !». Les marcheurs rejoints par les riverains du boulevard Mokhtar Kaoula sont par la suite redescendus vers le centre-ville. La marche de ce 1er mars restera assurément historique dans l'histoire de la ville. Un sentiment partagé également à Khenchela, où une foule immense, jamais vue de mémoire des habitants, a manifesté pour dénoncer le 5e mandat que le système veut imposer. Le nombre de manifestants a considérablement augmenté par rapport à vendredi dernier. «Vu que le régime n'a pas répondu aux aspirations des Algériens, il préfère, comme toujours, se voiler la face que de voir la vérité», commente un manifestant. La marche, qui n'a enregistré aucun incident, s'est ébranlée de la place Abbes Laghrour pour se poursuivre en direction du siège de la mairie, où un sit-in a été tenu sur place. Plus imposante que celle de vendredi dernier, la marche organisée à Batna a drainé une marée humaine estimée à des dizaines de milliers de citoyens qui se sont donné rendez-vous sur la place de la Liberté, près de l'ancienne gare routière. Comme pour un rituel, les marcheurs ont commencé par se rassembler devant le siège du FLN, traitant les membres de ce parti de voleurs et de traîtres, scandant : «FLN dégage !», «Khlitou lebled ya serakine» (Vous avez dépouillé le pays, bande de voleurs), «FLN khawana» (FLN les traîtres). La marche s'est dirigée vers la place de la liberté où les marcheurs ont vécu un moment de forte émotion en entonnant en chœur l'hymne national. Dans la même ambiance remarquable, la population d'Oum El Bouaghi a vécu une journée mémorable. D'est en ouest, les habitants de la wilaya ont tous marché contre le 5e mandat. Que ce soit à Oum El Bouaghi, à Meskiana, Aïn Fakroun ou à Aïn M'lila, les marches ont été imposantes. Mais c'est à Aïn Beïda surtout qu'on compte le plus grand nombre de manifestants de toutes les couches et de tous les âges, rassemblés après la prière du vendredi, sur l'esplanade du jardin public, avant de longer les grands boulevards de la ville. A Souk Ahras, les manifestants ont investi la place de l'Indépendance pour être ensuite ralliés par plusieurs foules qui déferlaient des quatre coins de la ville. Trente minutes auront suffi pour transformer l'endroit en une zone de grande concentration humaine. Les foules ont ensuite sillonné les artères principales jusqu'au siège de la wilaya en scandant des slogans hostiles au 5e mandat et au FLN, sans enregistrer le moindre incident. Ce caractère pacifique a marqué la marche de Mila que les plus vieux habitants de la ville ont qualifié de fait inédit. Jamais une marche populaire n'a drainé autant de monde. Grandiose, dynamique et pacifique, la marche populaire, partie de la place de Aïn Sayah, s'est étirée sur près de 5 km. Plus de 100 000 personnes y ont pris part. Un ancien militaire, rompu aux techniques de comptage utilisées par la police, estime que le nombre des marcheurs avoisine les 150 000 individus. Emmitouflés dans des drapeaux et brandissant des banderoles et des pancartes portant des inscriptions hostiles au 5e mandat, les marcheurs ont scandé leur refus à la candidature de Bouteflika pour un 5e mandat présidentiel. Marche à Bordj Bou Arréridj aussi, où des dizaines de milliers de citoyens se sont donné rendez-vous hier dans la rue pour contester le 5e mandat. La première foule a pris forme à Mounia. Et, contrairement aux précédentes marches, des femmes et des enfants ont rejoint le mouvement de contestation pour battre le bitume le long de l'avenue Houari Boumediene jusqu'à la cité du 5 Juillet, et de faire le détour sur la rue de l'Emir Abdelkader jusqu'à la Citadelle. Un autre groupe a démarré la marche depuis la cité Lagraphe pour suivre le même parcours jusqu'à la maison de la Culture et se disperser dans le calme. Le portrait de Boutefika arraché à El Tarf Des manifestations contre le pouvoir politique ont eu lieu hier à Tarf, Dréan et El Kala. Au chef-lieu de wilaya, trois groupes de manifestants se sont retrouvés au rond-point de la sûreté de la wilaya, scandant inlassablement les mots d'ordre comme «Pouvoir assassin, non au 5e mandat, Pouvoir dégage !», etc. Les manifestants, estimés à près de 5000, ont ensuite emprunté la rue principale vers la mairie pour crier «FLN dégage !» comme ils l'ont également fait devant la mouhafada. Au bout de la rue, ils ont remonté la double voie pour se rendre devant la wilaya en repoussant le barrage de police. Les contestataires ont alors pris position sur la place d'Indépendance face à la wilaya et à la bibliothèque sur la façade de laquelle était suspendu un portrait géant de Bouteflika. Portait qui a été arraché par des protestataires. Comme vendredi dernier, des centaines de protestataires contre un 5e mandat pour le président Abdelaziz Bouteflika se sont rassemblés, dans l'après-midi d'hier sur la place de la Liberté (Sahat El Houria ou Placette) du centre-ville de Biskra, pour exprimer une fois encore leur refus d'une nouvelle mandature pour le premier magistrat du pays. Scandant des slogans hostiles au pouvoir et dénonçant les menaces de recourir à la violence et les rumeurs de les empêcher d'exprimer collectivement leur avis, les manifestants dont le nombre a été plus important que la semaine dernière avec la présence des femmes et leurs enfants ainsi que les motocyclistes ont été de la partie, ont entonné des refrains à la gloire de l'Algérie et de ses martyrs de la Révolution de 1954, entrecoupés d'invectives insultantes contre le Premier ministre et le FLN. Encadrés par un important dispositif de sécurité, des groupes de manifestants ont marché pacifiquement dans les grandes artères de la ville en voyant leurs rangs gonflés à vue d'œil avant de converger vers la placette de Biskra. A Skikda, ils étaient des milliers, hier, à manifester dans les artères principales de leur ville qui semblaient ne plus pouvoir contenir autant de monde. De la place de l'hôtel de ville, jusqu'au stade du 20 Août 1955, la rue a été carrément envahie par une foule compacte sur un linéaire de plus de 2 km, pour occuper les deux points stratégiques de la ville : la place de l'hôtel de ville et celle de Bab Kcentina. A 15h, l'avenue des Arcades et celle des Allées du 20 Août 1955 étaient totalement noires de monde. En plus de la présence des jeunes chômeurs et des étudiants, des figures locales représentant diverses corporations ont été très présentes dans cette marche. Les harraga disparus s'invitent à la marche A Annaba, outre les dizaines de milliers de citoyens des deux sexes qui se sont rassemblés sur le cours de la Révolution, se sont invités à l'événement les dizaines de jeunes harraga disparus en mer lors de leurs tentatives de quitter l'Algérie que dirige Bouteflika. Face au Théâtre régional, leurs parents ont brandi des banderoles sur lesquelles étaient affichées les photos de leur progéniture. Très émus, parfois les larmes aux yeux, les manifestants ont arrêté la marche pour observer une minute de silence à leur mémoire, les doigts dirigés vers le ciel. «Dieu est témoin que le régime de Bouteflika nous a fait perdre nos enfants à la fleur de l'âge. Je le responsabilise devant son Créateur, tout autant que le régime», s'est insurgé, en sanglot, l'un des parents des harraga disparus, devant une marée humaine scandat «Harraga chouhada». Cette fois, l'affluence était tellement importante que le Cours de la Révolution, la place la plus grande de la wilaya, n'a pas pu contenir la fougue populaire, érigée contre le pouvoir en place. Aussi et faute de moyens de transport public, beaucoup de citoyens ont parcouru des dizaines de kilomètres pour rejoindre à pied la manifestation rien que pour tonner : «Non au 5e mandat !». A Guelma, des milliers de jeunes et moins jeunes et même des groupes de femmes avec leurs enfants ont manifesté à travers les avenues du chef-lieu, deux heures durant, pour dissuader le président Abdelaziz Bouteflika de briguer un 5e mandat. «Nous sommes probablement plus de 15 000 âmes ici sur l'avenue du 1er Novembre», estiment des observateurs avertis. L'apparition d'un cercueil drapé du drapeau national, simulant une procession funèbre du président Bouteflika, a égosillé les manifestants au slogan de «Allah yarrahmek ya Bouteflika !» Des slogans hostiles au pouvoir en place ont été entendus également sur le parcours emprunté par la foule, sur le boulevard Souidani Boudjemaa et sur le boulevard Zaïmia (siège de la wilaya) en passant par la place du 19 Octobre. Un grand rassemblement s'est tenu par la suite sur le terrain de football de la cité Guehdour Taher, avant que les manifestants ne se dispersent dans le calme.