La pièce «Arlequin, valet de deux maîtres» de Carlo Goldoni, réadaptée par Mohamed Bourahla et remise en scène par Ziani Cherif Ayad à l'occasion du 25e anniversaire de la disparition de Abdelkader Alloula, qui l'avait adaptée et montée dans les années 1980 pour en faire un de ses plus grands succès, a été présentée mercredi soir à la salle Mahieddine Bachtarzi (TNA) à Alger. Après la présentation de la générale, il y a quelques jours à Oran, le public algérois a découvert, mercredi soir à la salle du TNA qui n' a pas fait le plein, la nouvelle version de la pièce «Arlequin, valet de deux maitres» de Carlo Goldoni dont l'ancienne adaptation de Abdelkader Alloula avait eu un grand succès à son époque. La pièce qui a été réadaptée par Mohamed Bourahla et mise en scène par Ziani Cherif Ayad et jouée par de brillants comédiens du Théâtre régional d'Oran (TRO) pour rendre hommage au défunt dramaturge Abdelkader Alloula assassiné le 10 mars 1994 à Oran, n'a malheureusement pas répondu aux attentes du public, surtout celui qui a eu l'occasion de voir la version originale en 1993. Une adaptation adaptée Bien qu'il y ait de bons moments et de bons passages, la pièce produite par le TRO en collaboration avec le TNA, n'a pas eu le succès attendu surtout que la mise en scène est signée par Ziani Cherif Ayad qui reste un grand nom du théâtre algérien. Avec Mohamed Himour qui avait joué dans la version montée par feu Abdelkader Alloula et de brillants comédiens tels Amina Belhocine, Mohamed El Amine Rara et Mustapha Meratia, il aurait pu mieux faire ou ne pas s'aventurer dans un tel défi. L'adaptation de Bourahla d'après le texte de Alloula est assez bonne mais on se demande tout de même pourquoi ne pas avoir gardé l'ancien texte pour lui rendre un plus bel hommage. Par ailleurs, le metteur en scène n'a pas réussi à convaincre, bien qu'une bonne partie des comédiens notamment les femmes avaient séduit le public. Au lieu de hausser le niveau du côté de la mise en scène, Ziani nous a rappelé la période du théâtre amateur des années 1980. C'est vrai que le public a suivi la pièce de bout en bout puisqu'il y a tout de même, à la base, l'ombre de Goldoni et celle de Alloula ainsi qu'un certain professionnalisme, mais on s'attendait à mieux eu égard aux noms de Ziani et Bourahla et la présence d'aussi bons comédiens sur la grande scène du TNA. Les comédiens sauvent la face Dans le rôle de l'homme d'affaires Pantalon, Haimour nous a vite rappelé le grand comédien qu'il a toujours été et la nouvelle figure du théâtre Amina Belhocine jouant la fille à marier à Silvio a su lui donner la réplique tout au long de la pièce en étant vraiment à la hauteur. Les nouvelles comédiennes du TRO ont prouvé à travers le jeu qu'une nouvelle génération de comédiennes à la hauteur de la défunte Sonia est née. Il faut noter tout de même que malgré les quelques faiblesses relevées, certains objectifs de Ziani ont été atteints notamment la transmission du message de Goldoni et de Alloula pour mettre l'amour à la place qu'il mérite et l'argent, celle qui lui sied. L'introduction de la comédie musicale dans la commedia dell'arte a été une réussite. Le musicien Sensabyl Beghdadi a également fait un bon travail.