Paru aux éditions Anep l'intéressant ouvrage «Qa'ada au cœur de la médina» d'Abdelmadjid Ibn Tchoubane nous invite à une belle randonnée dans divers quartiers de la ville aux richesses culturelles incommensurables. A travers son ouvrage Qa'ada au cœur de la médina paru chez l'ANEP, sans verser dans un passéisme béat, Abdelmadjid Ibn Tchoubane nous fait revivre à travers sa sagace plume des pans d'un Alger au passé consommé. Avec nostalgie et passion, l'auteur nous dévoile des lieux, des anecdotes, des situations cocasses et des édifices de la capitale. Il se remémore certains personnages drapés de leurs petites histoires à leurs images. Ils sont souvent terriblement humains et tragiquement désemparés. «La Qasbah, Bab El-Oued, La'youn, Madame lafrique, Santodji, Chréa…» Autant de lieux mythiques chargés d'histoires, sont racontés au détour d'une agréable Qa'ada au cœur de la médina. S'y bousculent les personnages, les plus originaux, et les situations les plus inattendues. Un sacré bain de mémoire, illuminé et sublimé par la passion de raconter des noms et des lieux et de déballer des fragments de vie de l'époque. Sillonner les ruelles, prendre des routes escarpées de la banlieue algéroise, traverser des époques telle est l'escapade que nous propose le narrateur, est-il mentionné en quatrième de couverture. Soucieux du détail, Abdelmadjid décrit admirablement ces petites gens et leurs situations souvent burlesques ou dramatiques. L'odeur du jasmin Dévidant le fil de sa mémoire, il raconte à l'envi, des tranches de vie de personnages colorés ou simples citoyens lambda, ainsi qu'une époque où il faisait bon vivre aux senteurs du jasmin et du mesk elil (galants de nuit) et de l'odeur du pain chaud embaumant l'air dans les venelles de cette ville millénaire. L'auteur nous rappelle aussi ce ciment de fraternité, d'entraide et de solidarité entre voisins familles et amis. Il nous invite à revoir La Casbah, ce lieu fabuleux où il y avait tout un art de vivre, et cette communion d'esprit et de cœur. Ammi Abdelkader, Hamed, Ammi Amar, les sœurs Saléciennes, Yamina, Lila, Fifi, Mina, sœur Gabrielle, Odette, Hadj Youcef, Kheyyou sont autant de protagonistes qui évoluent au sein de divers endroits de la médina, tous reliés par cette convivialité et empathie que l'on ne retrouve plus. Le récit de l'auteur est remarquable avec une parfaite maîtrise de la langue. De chaque mot, de chaque fait évoqué, émanent cette sensibilité et cette passion que ressent Abdelmadjid. Nostalgie Sa mémoire excellente qui slalome dans les dédales de la cité recèle les moindres détails. Contant la vie à cette période avec autant d'aménité et de délicatesse, l'auteur nous transporte dans cette médina si chaleureuse et si conviviale. Il y consigne soigneusement des périodes comme celle du cessez-le feu, les crimes commis par l'OAS, les sœurs, et pères blancs, les tueries, et la solidarité etc. Ce sont de petites et belles histoires, tissées avec passion et au fil de la nostalgie, contées avec la magie qui nous introduit dans un monde que l'on voudrait encore existant. Ce long récit sous formes de sagas comme «Débrayage», «Un certain dimanche», «Les années yéyé», «La punition» et «le vieil artiste», nous fait chavirer par cette belle époque à jamais révolue. Un livre remarquable par son sens de la précision et par cette émotion qui s'y dégage. A tous les Algérois de souche, cette narration est un bain de jouvence et de nostalgie, pour tous les autres c'est une magnifique découverte. A lire avec enchantement et vif intérêt.