L'armée syrienne a repris mercredi aux rebelles une localité stratégique proche de Damas, au moment où Washington pressait l'opposition de participer à une conférence de paix de Genève. Parallèlement, l'organisation chargée de superviser la destruction de l'arsenal chimique syrien a annoncé mercredi avoir vérifié onze sites et la destruction d'équipements de production sur six sites. L'armée syrienne a repris la localité de Boueida, qui fait partie depuis plusieurs mois de la ceinture contrôlée par les rebelles au sud de Damas, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et les médias officiels syriens. Vendredi dernier les forces loyalistes, qui selon l'OSDH tente "d'isoler (les rebelles) des quartiers périphériques sud de la capitale" avaient repris deux autres bastions rebelles dans la même zone. Dans le nord-est du pays, plus de 40 combattants des deux camps ont péri mardi dans de nouveaux affrontements entre Kurdes d'une part et jihadistes et autres rebelles islamistes d'autre part dans la province de Hassaka, selon l'OSDH. Face à cette guerre de plus en plus complexe qui a déjà fait plus de 115.000 morts selon l'OSDH, les Etats-Unis, qui soutiennent l'opposition, ont pressé celle-ci à participer à la conférence de Genève-2 attendue pour la mi-novembre, après la décision d'un groupe clé anti-régime de la boycotter. Le Conseil national syrien (CNS), groupe le plus important de la Coalition de l'opposition, avait annoncé dimanche qu'il ne prendrait pas part à Genève-2, portant un coup sérieux à la crédibilité de ces négociations convoquées par les Américains et les Russes, qui eux soutiennent Damas. Genève-2 doit reprendre les grandes lignes d'un accord international sur une transition politique en Syrie, signé le 30 juin 2012 à Genève mais jamais appliqué. Opposition désavouée L'opposition politique, minée par les divisions internes, fait face également au défi de sa représentativité face à la rébellion sur le terrain. Mercredi, près de 70 groupes rebelles combattant dans le sud du pays ont affirmé qu'ils ne reconnaissaient plus la Coalition de l'opposition. "Nous retirons notre reconnaissance à tout groupe prétendant nous représenter", affirme un porte-parole dans une vidéo, citant "la Coalition et ses responsables". Cette annonce intervient après le désaveu cinglant de 13 principaux groupes de la rébellion fin septembre. Concernant le désarmement chimique, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a annoncé mercredi avoir "terminé les opérations de vérification sur un total de onze sites parmi ceux qui étaient identifiés sur la liste remise par la Syrie". La soixantaine d'experts mobilisés se concentrent pour l'instant sur la vérification de la liste qu'ont fournie le 19 septembre les autorités syriennes, qui comporte 20 sites de production et de stockage des armes chimiques. La mission des experts, qui doit être achevée d'ici au 30 juin 2014, a été décidée à la faveur d'un accord russo-américain, alors que les Etats-Unis menaçaient le régime de frappes après une attaque chimique meurtrière imputée aux forces de Bachar al-Assad le 21 août près de Damas. Le gouvernement syrien a formellement démenti. La Néerlandaise Sigrid Kaag a été officiellement nommée mercredi à la tête de la mission conjointe ONU-OIAC, qui devrait compter à terme une centaine de personnes. D'autre part, un médecin habitué à opérer dans les pays en guerre a proposé mercredi aux jihadistes qui retiennent deux journalistes français en otage de les libérer "contre des soins chirurgicaux pour les blessés de la zone de Raqqa où la prise d'otages a eu lieu". Le gouvernement français a rendu publique mercredi dernier l'enlèvement le 22 juin en Syrie de deux journalistes français, Nicolas Hénin et Pierre Torres, à Raqqa, une ville du nord de la Syrie que se disputaient des groupes armés.