Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de Cyrénaïque, la grande région de l'est, a clamé que «l'heure a sonné», en lançant ses troupes – 20.000 à 25.000 hommes – de l'autoproclamée armée nationale libyenne (ANL) à l'assaut de la capitale, Tripoli. C'était sans compter sur la mobilisation des milices de la Force de protection de Tripoli et de certaines milices de Misrata, liées au gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez el-Sarraz, installé dans la capitale avec le soutien de l'ONU depuis 2015. Depuis lors, les affrontements violents se multiplient à moins d'une trentaine de kilomètres au sud de Tripoli. La force pro-GNA a même mené un raid aérien depuis Misrata contre des positions de l'ANL. 21 morts Hier, Tripoli faisait état d'un premier bilan de 21 morts. L'ANL, de son côté, en recensait 14. «Un tir de mortier de l'ANL a tué six civils, dont un médecin aimé de tous, qui était en train de sauver des victimes dans son ambulance», précise Jalel Harchaoui, chercheur à l'Institut des relations internationales de Clingendael, aux Pays-Bas. L'ONU a lancé un «appel urgent» à une trêve provisoire de deux heures le 7 avril, en fin de journée, pour évacuer les blessés et les civils. Et la compagnie pétrolière italienne ENI a décidé de rapatrier tous ses ressortissants. Les conquêtes du maréchal Haftar En 2011, après plus de vingt ans en exil, Khalifa Haftar revient en Libye pour participer à l'insurrection contre le colonel Kadhafi. En 2014, il crée l'«armée nationale libyenne», avec le soutien des parlementaires réfugiés à Tobrouk à l'Est, et lance l'opération «Dignité» pour purger Benghazi, la capitale de la Cyrénaïque, de ses opposants. En 2017, il occupe Benghazi. En 2018, il étend son emprise sur la Cyrénaïque, grâce au soutien de plusieurs puissances étrangères, Egypte, Emirats arabes unis, Russie, France. En 2019, il part à la conquête du Fezzan, au Sud, obtient le ralliement de plusieurs tribus et occupe l'un des plus grands champs pétroliers.