L'offensive sur Tripoli des troupes du maréchal Khalifa Haftar est un «important revers» pour Paris, a estimé lundi le quotidien du soir Le Monde, soulignant l'embarras de la France dans cette nouvelle crise libyenne. «L'offensive sur Tripoli du maréchal Khalifa Haftar, chef de l'Armée nationale libyenne, donne un sérieux coup au processus politique porté par l'émissaire spécial des Nations unies, Ghassan Salamé», a-t-il écrit, ajoutant qu'elle «représente un important revers pour Paris, la capitale la plus engagée pour une solution négociée de la crise libyenne». La France avait réuni à Paris, en mai 2018, dans une conférence internationale sous l'égide de l'Onu, les principaux responsables libyens, voulant faire de cette conférence comme une nouvelle étape dans le processus de dialogue pour sortir de la crise libyenne. A l'issue de cette conférence, rappelle-t-on, les responsables libyens s'étaient engagés à organiser des élections législatives et présidentielle en décembre 2018, une annonce qui est restée lettre morte. En juillet 2017, le président Emmanuel Macron avait réuni également à Paris les deux protagonistes, le président du Conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, et le maréchal Khalifa Haftar. Pour Le Monde, «c'est en effet en bonne partie grâce aux autorités françaises que l'homme fort de l'est du pays ( ), avait réussi à se crédibiliser comme un protagoniste incontournable de la crise libyenne», indiquant que les médias libyens soutenant le gouvernement de Fayez al-Sarraj, avaient évoqué «l'irritation de ce dernier face à ce qu'il considère être le soutien français au maréchal». «Paris réfute de telles accusations, et affiche son soutien à la médiation de l'ONU en Libye, comme l'a fait Emmanuel Macron, le 6 avril, en s'entretenant avec le secrétaire général, Antonio Guterres, de retour de Tripoli», a ajouté le journal. «Bon connaisseur du dossier libyen, Jean-Yves Le Drian n'a jamais dévié de cette ligne, considérant que Haftar était une réalité de terrain, et donc incontournable sur le terrain. Il en a convaincu le chef de l'Etat qui, dès juillet 2017, s'est lancé dans une médiation à chaud sur la Libye, organisant à La Celle-Saint-Cloud (Yvelines) la première rencontre pour une réconciliation nationale, entre Sarraj et Haftar», rappelle le quotidien.