L'argent du pétrole motive le conflit en Libye. Le gouvernement appelle l'ONU à bloquer toute transaction. Tandis que le premier ministre de Libye et le maréchal Haftar sont engagés pour l'organisation d'élections en 2018, l'argent du pétrole motive le conflit dans ce pays. Les engagements pris à Paris pour l'organisation d'élections ne sont pas respectés. La Libye est dirigée par deux entités rivales : le gouvernement de concorde nationale (GNA), issu d'un processus onusien et reconnu par la communauté internationale, basé à Tripoli, et un pouvoir parallèle installé dans l'Est. Ce dernier et soutenu par l'Armée nationale libyenne (ANL), force paramilitaire autoproclamée dirigée par le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est du pays, qui tente désormais de s'emparer de la gestion des pétro-dollars. Cité par l'FP, Haftar a annoncé lundi que toutes les installations occupées par son armée seraient remises à la Compagnie du pétrole du gouvernement parallèle basé dans l'est. En réaction, le GNA a appelé hier le Conseil de sécurité de l'ONU à bloquer toute tentative de transaction illégale de pétrole. L'ANL occupe notamment les quatre terminaux du Croissant pétrolier (nord-est), en plus du port de Hariga, à Tobrouk, près de la frontière égyptienne, par lesquels l'essentiel du pétrole libyen est exporté. Jusqu'ici, ces sites sont gérés par la NOC basée à Tripoli, en charge aussi des exportations conformément à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. Ces tentatives échoueront comme elles ont échoué par le passé, a clamé dans un communiqué Mustafa Sanallah, le patron de la compagnie nationale. La NOC a par ailleurs adressé une mise en garde aux entreprises internationales contre la signature de contrats d'achat de pétrole auprès d'institutions parallèles. La NOC intentera une action en justice contre eux, a promis M. Sanallah. Les revenus du brut ont été gérés jusqu'ici par la Banque centrale dépendant du GNA et basée à Tripoli, qui se charge de redistribuer l'argent dans toutes les régions et institutions, y compris dans les zones occupées par les autorités parallèles, a fait valoir le vice-Premier ministre du GNA, Ahmed Meitig. Chacun des deux camps rivaux dispose de sa banque centrale et de sa compagnie nationale de pétrole (NOC), mais la communauté internationale ne reconnaît que celles qui dépendent du GNA. En mai 2018, les quatre principaux acteurs de la politique libyenne sont convenus de la tenue d'élections présidentielle et parlementaires en 2018. Les quatre responsables libyens réunis à Paris par Emmanuel Macron se sont engagés à travailler ensemble pour que des élections législatives et présidentielle se tiennent le 10 décembre 2018, selon une déclaration lue à l'issue de la conférence. «Nous nous engageons à travailler de façon constructive avec l'ONU pour organiser des élections crédibles et pacifiques et à respecter les résultats des élections», indique la déclaration politique du Premier ministre du gouvernement de concorde nationale Fayez al-Sarraj, le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'est du pays, le président de la Chambre des représentants, Aguila Salah, et celui du Conseil d'Etat, Khaled al-Mechri. L'accord est une étape clé pour la réconciliation dans, a déclaré le président français Emmanuel Macron. La réunion qui s'est tenue à l'Elysée est une rencontre historique, dit le président français. L'organisation d'élections en 2018 st compromise par le conflit dû à l'argent du pétrole. Par sa dernière décision, le maréchal Haftar a toutefois jugé mardi le patron de la NOC à Tripoli. L'ONU impose depuis 2011 un embargo sur les armes en Libye mais les principaux protagonistes du conflit contournent régulièrement l'interdiction. Une tentative de réconciliaition pour les protagonistes en Libye est engagée par nombre de pays, dont l'Algerie. L'ONU pour la réconciliation En Libye, les Nations unies se sont engagées à soutenir les acteurs nationaux à trouver une solution pacifique à la crise, a déclaré M. Guterres lors d'une réunion du Conseil de sécurité sur la paix et la sécurité dans le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord (Mena), convoquée par la Russie. Le chef de l'ONU a appelé toutes les parties prenantes en Libye à continuer d'apporter leur soutien à son émissaire, Ghassan Salamé, dans ses efforts de médiation, relevant que tous les Libyens aspiraient à mettre fin au conflit ainsi qu'à la période de transition. Le succès politique en Libye, a-t-il soutenu, devrait permettre à ce pays de jouer son plein rôle dans le règlement la crise migratoire. Le chef de l'ONU qui s'exprimait sur la situation précaire dans certains pays de la région Mena, a indiqué que «l'intégrité territoriale des pays comme la Libye, la Syrie, et le Yémen est menacée». Des millions de personnes ont été déplacées. L'impact de cette instabilité s'est propagé jusqu'aux pays voisins et au-delà, a-t-il ajouté. «Nous constatons de nombreuses lignes de clivage à l'œuvre, anciennes et nouvelles qui se croisent et génèrent une énorme volatilité», dans la région, a expliqué M. Guterres qui cite à ce titre «le conflit israélo-palestinien, la résurgence des rivalités de la guerre froide, la division sunnite-chiite, les schismes ethniques et d'autres confrontations politiques». Guterres a relevé que «le conflit israélo-palestinien demeurait au centre du bourbier du Moyen-Orient» et qu'une solution à deux Etats était essentielle pour la stabilité de la région. «Les récentes tensions et violences à Ghaza nous rappellent la précarité de la situation» dans cette région, a-t-il poursuivi, affirmant qu'un soutien international était nécessaire pour mettre en place les conditions propices à la relance du processus de paix au Moyen-Orient. Evoquant le Yémen, le chef de l'ONU a rappelé que ce pays connaît un conflit prolongé aux dimensions régionales, en formulant le souhait que le cadre de pourparlers proposé la semaine dernière par son envoyé spécial, Martin Griffiths, puisse permettre la reprise des négociations pour une sortie de crise. Pour la Syrie, le SG de l'ONU a lancé un appel aux parties en conflit pour collaborer sérieusement avec l'émissaire Staffan de Mistura dans le cadre du processus de Genève.