Le Conseil militaire de transition a assuré, hier, lors d'une conférence de presse, vouloir dialoguer avec toutes les «entités politiques». Le nouveau pouvoir a confirmé la détention d'Omar el-Béchir et son refus de l'extrader. Le futur gouvernement soudanais sera «un gouvernement civil». Le Conseil militaire de transition au pouvoir depuis le jeudi 11 avril à la suite de la destitution de l'ancien président Omar el-Béchir a donné une conférence de presse retransmise à la télévision vendredi. Les militaires ont promis qu'ils allaient dialoguer avec toutes les entités politiques de manière à préparer le climat aux échanges et à la réalisation de nos aspirations», a déclaré le général Omar Zinelabidine, membre du Conseil militaire de transition. Le Conseil a également confirmé qu'Omar el-Béchir était actuellement «en détention» mais qu'il ne sera pas extradé même s'il est visé par deux mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale. Le général Zinelabidine, présenté comme le chef du Comité politique militaire, n'a pas précisé de date concernant la mise en place de ce «gouvernement civil». Il a également indiqué que les militaires «participeront à la désignation du ministre de l'Intérieur». Concernant les manifestations, le général a ajouté que la mission essentielle des militaires était de «préserver la sécurité et la stabilité du pays et que l'armée ne permettra aucune atteinte à la sécurité» sur l'ensemble du territoire du Soudan. Le ministre de la Défense Awad Ibnouf avait annoncé jeudi à la télévision d'Etat la chute du régime et le placement en détention dans un lieu sûr de son chef Omar el-Béchir. L'ancien président de 75 ans, au pouvoir depuis 30 ans, a été poussé vers la sortie par la rue qui se révolte depuis trois mois. Les manifestants ont entamé leur mobilisation en décembre après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain. Leur mouvement s'est toutefois rapidement mué en contestation du régime en place. Les Soudanais rassemblés devant le quartier général de l'armée depuis le week-end dernier ont d'ailleurs laissé éclater leur joie après l'annonce du départ du président Béchir. Des réjouissances qui ont rapidement laissé place à une amère déception après les premières annonces d'Awad Ibnouf. Le ministre a d'ailleurs annoncé qu'il dirigerait lui-même le Conseil militaire de transition de deux ans, le temps de mettre en place de nouvelles élections. Les manifestants passent leur temps devant le siège de l'armée. La nuit s'est toutefois déroulée dans le calme malgré les avertissements de l'armée ordonnant aux manifestants de respecter le couvre-feu pour (leur) propre sécurité, laissant planer des risques de violences. Selon un bilan officiel, 49 personnes ont été tuées depuis le 19 décembre.