Le caractère pacifique du mouvement populaire risque d'être troublé par des «infiltrés» et des parties étrangères, ayant pour objectif de faire basculer l'Algérie dans l'insécurité, selon la police, et des «casseurs locaux», des baltaguia dont on s'interroge sur les commanditaires. En réponse aux dénonciations contre l'utilisation excessive des moyens de répression par les forces antiémeute contre des foules compactes, ce vendredi 12 avril, au niveau de la place Maurice Audin au centre d'Alger, la DGSN a rendu public un communiqué où elle a fait part de personnes infiltrées, qui tentent de dévier le Hirak de son pacifisme. «Les forces de police ont fait barrage à un groupe de manifestants, ayant subitement adopté un comportement agressif au niveau du Tunnel des facultés, en recourant à des fumigènes et des pétards», relevant aussi qu'un autre groupe de manifestants a, par vengeance, mis le feu à un véhicule de police et saccagé des voitures appartenant à des particuliers. Les services de police ont interpellé 180 individus lors de ces affrontements. Dans un second communiqué, la DGSN a relevé que «(…), des délinquants et autres malintentionnés ont été interpellés parmi les manifestants, dont certains tentaient d'écouler leurs marchandises prohibées, dérober les biens des citoyens, voire les harceler ou les agresser». Elle a notamment, annoncé l'arrestation «d'étrangers, venus spécialement pour attiser les tensions et pousser les jeunes à recourir à des formes d'expression radicales, en vue d'exploiter leur image via les médias et sur les réseaux sociaux». La même source a également annoncé «l'arrestation d'un groupe de terroristes, fortement pourvus en armes et munitions, qui planifiaient de commettre des exactions contres les citoyens». Des données qui s'ajoutent aux déclarations du chef d'état-major, Gaid Salah, ayant fait part au cours de sa visite à Oran, de parties étrangères tentant de déstabiliser le pays. Le général de corps d'armée avait précisé qu'afin de «déjouer les tentatives d'infiltration de parties étrangères suspectes, nous avons consenti tous nos efforts au sein de l'Armée nationale populaire afin de préserver cet immense élan populaire, de l'exploitation par ceux qui le guettent à l'intérieur et l'extérieur, (…). Ces parties qui s'affairent par tous les moyens, à dévoyer ces marches de leurs objectifs fondamentaux, et à les récupérer afin de faire aboutir leurs plans pernicieux, visant à porter atteinte au climat de sécurité et de quiétude dont jouit notre pays», avait-il prévenu. Gaid Salah, qui avait assuré à longueur de déclarations qu'il était avec «le peuple», avait également mis en garde contre «(…), l'apparition de tentatives de la part de certaines parties étrangères, partant de leurs antécédents historiques avec notre pays, poussant certains individus au devant de la scène actuelle en les imposant comme représentants du peuple en vue de conduire la phase de transition, afin de mettre à exécution leurs desseins, visant à déstabiliser le pays et semer la discorde entre les enfants du peuple». Il change ainsi de fusil d'épaule et privilégie «la voie constitutionnelle», désormais rejetée par la rue. C'est à se demander donc qui cherche à dévier le mouvement de son pacifisme. Pour l'expert sécuritaire, Ahmed Adimi, l'instabilité politique du pays engendre systématiquement une instabilité sur le plan sécuritaire. «L'Armée nationale et la DGSN ont fait part d'une infiltration à l'intérieur du Hirak. Elles ont accusé des parties étrangères d'être la cause des violences enregistrées lors de la grande marche. Elles sont donc tenues de communiquer le nombre et les noms des personnes arrêtées, et de désigner ces parties étrangères qui veulent nuire à l'Algérie», a indiqué notre interlocuteur. Il ajoute : «Les faits doivent être rendus publics, et les accusés poursuivis en justice». Soulignant que l'argument de la main étrangère ne fait plus peur au peuple, l'expert a expliqué que tant que la crise politique n'a pas été réglée, l'Algérie sera la cible de certains pays, qui tentent de la déstabiliser davantage pour leurs propres intérêts. Adimi a ensuite relevé la nécessité de résoudre la crise politique le plus tôt possible pour leur barrer la route. Commentant l'utilisation non justifiée de la répression lors des dernières manifestations, l'expert a expliqué qu'il s'agit de la responsabilité de la DGSN d'assurer la sécurité des protestataires et ce, en utilisant tous les moyens possibles.