Le vice-ministre de la Défense nationale et Chef d'état major, Ahmed Gaïd salah, a lancé, hier mercredi, à Oran une sévère mise en garde contre tous ceux, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, qui veulent récupérer et détourner les revendications des Algériens, pour la fin du système et l'avènement d'une nouvelle Algérie. Au 3ème jour de sa visite à la 2ème Région militaire, Gaid Salah a pointé du doigt certaines tentatives de parties étrangères de dévoyer les revendications populaires, soulignant notamment que « nous avons déploré l'apparition de tentatives de la part de certaines parties étrangères, partant de leurs antécédents historiques avec notre pays, poussant certains individus au devant de la scène actuelle en les imposant comme représentants du peuple en vue de conduire la phase de transition, afin de mettre en exécution leurs desseins visant à déstabiliser le pays et semer la discorde entre les enfants du peuple ». Le général Gaid Salah cite à ce niveau « des slogans irréalisables visant à mener le pays vers un vide constitutionnel et détruire les institutions de l'Etat, voire provoquer une déclaration de l'état d'exception, ce que nous avons récusé, catégoriquement, depuis le début des événements ». Le chef d'état major explique ainsi qu'il est « irraisonnable de gérer la période de transition sans les institutions qui organisent et supervisent cette opération (...) ». L'ANP, pour « déjouer les tentatives d'infiltration de ces parties suspectes », a consenti, selon Gaid Salah, tous les efforts « afin de préserver cet immense élan populaire de l'exploitation par ceux qui le guettent à l'intérieur et l'extérieur, à l'instar de quelques individus, appartenant à des organisations non-gouvernementales, qui ont été pris en flagrant délit dont la mission consiste à infiltrer les manifestations pacifiques et les orienter, avec la complicité et en coordination avec leurs agents, à l'intérieur ». Il ajoute que « ces parties qui s'affairent, par tous les moyens, à dévoyer ces marches de leurs objectifs fondamentaux et à les récupérer afin de faire aboutir leurs plans pernicieux, visent à porter atteinte au climat de sécurité et de quiétude dont jouit notre pays». Le général Gaid Salah invite, par ailleurs, les Algériens à « faire preuve de patience, de conscience et de lucidité afin de réaliser les revendications populaires, guider le pays vers la paix et jeter les bases d'un Etat de droit et d'institutions ». Il fait, notamment, référence à la grande déception du peuple, après la désignation mardi de Abdelkader Bensalah chef de l'Etat par intérim, conformément à l'article 102 de la Constitution dont il avait appelé à l'application, le 26 mars pour trouver une solution à la crise politique. Plus explicite, il souligne que « cette phase historique charnière et cruciale requiert, voire impose à l'ensemble des enfants du peuple algérien dévoué, fidèle et civilisé, de fédérer les efforts de tous les nationalistes en suivant la voie de la sagesse, de la pondération et de la clairvoyance, qui tient compte de l'intérêt suprême de la nation, en premier lieu, de prendre en considération que la conduite de la période de transition nécessite un ensemble de mécanismes dont la mise en œuvre doit s'effectuer, conformément à la Constitution, qui stipule que le président du Conseil de la Nation que choisit le Parlement avec ses deux chambres, après le constat de la vacance, assume la charge de Chef de l'Etat pour une durée de trois mois, avec des prérogatives limitées, jusqu'à l'élection du nouveau président de la République ». Pour rassurer l'opinion publique nationale que tout se fera dans la légalité d'ici à la tenue des élections présidentielles, Gaid Salah déclare: « je voudrais confirmer (...) que la période de transition destinée à la préparation des élections présidentielles se fera avec l'accompagnement de l'Armée Nationale Populaire, qui veillera au suivi de cette phase, au regard de la confiance réciproque entre le peuple et son armée, dans un climat de sérénité et dans le strict respect des règles de transparence et d'intégrité et des lois de la République ». Autrement dit, la phase transitoire, menée par Bensalah et le Premier ministre, sera suivie, attentivement, par l'ANP, qui garantira le processus et en surveillera les modalités. Message au peuple: Patience ! Message donc aux Algériens que l'ANP sera là, également, gardienne des intérêts du peuple. Mais, il prévient cependant, qu'il « appartient à tout un chacun de comprendre et assimiler tous les aspects et les contours de la crise, durant la période à venir, notamment dans son volet socio-économique, qui s'aggravera davantage si les positions obstinées et les revendications irréalisables persistent ». Une situation qui pourrait se répercuter, a-t-il averti, « négativement sur les postes de travail et le pouvoir d'achat du citoyen, notamment au regard d'une situation régionale et internationale tendue et instable. Aussi, il y a lieu de faire preuve de patience, de conscience et de lucidité afin de réaliser les revendications populaires, guider le pays vers la paix et jeter les bases d'un Etat de droit et d'institutions». Décodé, le message de Gaid Salah invite les Algériens à ne plus manifester, et attendre la fin de la période des 90 jours pour aller voter pour leurs représentants. Par la suite, il revient aux scandales financiers, qui avaient défrayé la chronique judiciaire de ces dernières années, annonçant la réouverture de certains dossiers, dont celui de Khalifa et Sonatrach. Le général Gaïd Salah affirme ainsi que « la justice qui a recouvert ses pleines prérogatives, agira en toute liberté, sans contraintes aucunes, sans pressions ni ordres, pour entamer des poursuites judiciaires contre toute la bande impliquée dans les affaires de détournement des fonds publics et d'abus de pouvoir, pour s'enrichir illégalement ». Il ajoutera que « nous rassurons l'opinion publique que la question s'étendra à tous les dossiers précédents, comme l'affaire d'El Khalifa, de Sonatrach et du Boucher' et autres dossiers relatifs à la corruption qui ont occasionné des pertes considérables au Trésor Public». Le vice-ministre de la Défense nationale confirme, par ailleurs, qu'il reste fidèle à ses engagements et que « nous n'avons aucune autre ambition que de servir notre pays et de veiller à sa sécurité et sa stabilité ». Il dira ainsi que « je voudrais en cette occasion rappeler, de nouveau, que je me suis engagé personnellement à soutenir le peuple en cette étape cruciale et de me tenir à ses côtés, en dépit des voix qui s'élèvent aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, exaspérées par la forte cohésion entre le peuple et son Armée ». Dans la foulée, il accusera sans les identifier « les voix qui s'élèvent à l'extérieur et l'intérieur » dont les « espoirs et leurs manœuvres visant à porter atteinte à la réputation et la crédibilité de l'Armée Nationale Populaire échoueront, et celle-ci demeurera, malgré les complots des conspirateurs et l'animosité des vindicatifs, un fort soutien pour son peuple dans les épreuves et les crises, dans le cadre des dispositions de la Constitution et des lois de la République» Il rappellera, une dernière fois, aux manifestants, qui réclament le départ du système, d'être patients. « Nous sommes profondément confiants que le peuple comprendra et mesurera la sensibilité de la situation et privilégiera l'intérêt national et que notre pays saura, grâce à Allah, sortir de cette crise, victorieux et triomphant comme nous l'avons toujours connu».