Si on doit juger les faiblesses du ministère de la culture dans certains domaines, on devrait reconnaître qu'un grand travail a été réalisé ces dernières décennies. Comme chaque année, l'Algérie vit depuis hier au rythme du mois du patrimoine. Mme Meriem Merdaci, ministre de la culture, a inauguré ce mois à partir du palais de la culture Moufdi Zakaria où se tiennent plusieurs expositions sur le patrimoine notamment Héritages culturels immatériels en Afrique, présentant, par des panneaux d'information et des vidéos, des éléments du patrimoine immatériel classé par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité ouverte au début du mois dernier et qui se tient jusqu'au 30 juin prochain. Au cours de ce mois consacré au patrimoine, l'Algérie verra l'organisation de diverses activités, notamment au niveau des musées qui sont désertés par les citoyens durant toute l'année. Ce sera l'occasion, justement, de penser à une nouvelle stratégie pour les pousser à les visiter. Il faut dire que des efforts ont été réalisés ces dernières années, mais beaucoup reste à faire. On sait bien que le patrimoine matériel et immatériel de l'Algérie est riche et qu'on doit tout faire pour le conserver et le valoriser. On en parle chaque année à l'occasion du mois qui lui est consacré et même en cours d'année, mais ce patrimoine est-il sécurisé ? Est-il valorisé ? Beaucoup de questions sont à poser à ce sujet. L'apport des associations Durant le mois du patrimoine qui se tient chaque année du 18 avril au 18 mai, l'Algérie, ses musées, ses sites archéologiques et lieux importants vivent dans l'ambiance du mois du patrimoine. Alors qu'on pense qu'on n'en parle plus au-delà de cette période, le ministère de la Culture, bien au contraire, continue à faire un travail important durant toute l'année. D'ailleurs, c'est grâce à ce travail que certains sites ont été classés patrimoine mondial par l'Unesco. Il faut également citer certaines associations qui activent notamment Sauver l'imzad qui a réussi à redonner sa valeur à cet instrument de musique des femmes Touaregs et même le classer par l'Unesco. Cette association dont le siège se trouve à Tamanrasset s'est dotée d'un très beau musée et organise régulièrement des activités locales, régionales, nationales et internationales pour la sauvegarde du patrimoine matériel et immatériel grâce aux grands efforts de ses membres dont la présidente et membre fondatrice Mme Farida Sellal et les sponsors qui n' hésitent pas à apporter leur aide lorsqu'il s'agit d'activités culturelles. Ce mois du patrimoine sera également l'occasion aux enfants, jeunes et moins jeunes de découvrir ou redécouvrir les musées nationaux et locaux et tous les lieux permettant de connaître ce que cache l'Algérie comme sites historiques, œuvres de valeur, statues mais aussi des œuvres immatérielles, c'est-à-dire des textes de poésies, des chansons de notre patrimoine enregistrées ou chantées par les vieilles femmes de nos villages qui gardent encore une bonne mémoire. Les enfants mais aussi les grands pourraient avoir l'occasion durant ce mois d'écouter des contes d'autrefois ou redécouvrir certains jeux disparus ou en voie de disparition comme Yedes, Sig, El Kherbga ou Qrida. C'est aussi l'occasion de visiter certains lieux archéologiques, des monuments et des sites. Des fresques sabotées Ce mois auquel le ministère de la Culture donne l'importance qui lui revient est une nouvelle occasion de penser à la valorisation de notre patrimoine et sa protection. C'est aussi l'occasion de se consulter pour trouver les méthodes et moyens d'attirer les écoliers, lycéens, étudiants, les petits et les grands vers les musées et sites historiques. Durant ce mois, on pourrait aussi revoir la gestion des musées qui ferment entre midi et 13 heures et qui manquent de budget pour pouvoir gérer et acheter des œuvres. On pourrait penser à y organiser des activités, notamment des conférences et des expositions. Il faut reconnaître qu'un grand travail de sécurisation du patrimoine a été réalisé ces dernières années avec notamment la participation des services de la gendarmerie, de la douane et de la police. Des milliers de pièces archéologiques dont certaines de très grande valeur ont été récupérées ces dix dernières années par les services sécuritaires et remis aux musées. Le patrimoine, ce n'est pas seulement les pièces archéologiques, ce sont aussi les sites historiques et touristiques tels que Bordj Ettork à Tamenfoust, les ruines de Timgad, la bibliothèque des manuscrits de Timentit dans la wilaya d'Adrar et le tombeau de la chrétienne de Tipasa. Ce mois est l'occasion de se poser des questions sur l'abandon de certains sites comme ceux qui se trouvent à Cherchell, notamment le théâtre antique de la rue Youcef Khodja, qui a été ouvert cette semaine mais qui n'attire personne à cause du manque de communication et l'absence d'activité sur les lieux. Il faut se poser aussi la question sur le site de Tipasa qui attirait autrefois des centaines de touristes par jour et qui se retrouve aujourd'hui vide. Il faut surtout penser à la sécurisation des sites du Hoggar et du Tassili, notamment les fresques qui sont sabotées par des jeunes qui n'hésitent pas à graver leurs noms, des souvenirs personnels et même des dessins sur des pierres millénaires. Des touristes revenus de Djanet nous ont signalé de tels sabotages. Les hautes autorités devraient créér des sections spéciales de la gendarmerie pour arrêter de tels massacres et les législateurs devraient aggraver les sanctions pour de tels actes. Le rôle de l'école Le ministère de la culture devrait aussi penser à ces maisons appartenant à des privés qui devraient être classées patrimoine national. Il y a plus d'une année, un hammam qui aurait pu être classé a été démoli à Blida par son nouveau propriétaire sans que personne n'agisse. Hier, un internaute a posté l'image d'une belle maison arabo- mauresque dans la même localité de la ville des roses et qui se trouve dans un état lamentable. Sur le mur, on peut lire la mention à vendre, ce qui pourrait dire «à démolir». Des maisons telles que celles du grand compositeur Mohamed Iguerbouchene ou celle de Messali Hadj qui se trouvent à Bouzareah pourraient aussi être classées et protégées, même si elles appartiennent à des privés. Enfin, pour le patrimoine immateriel, il y a un travail qui se fait. L'ONDA a réussi à récupérer d'anciens poèmes du melhoun. Les associations culturelles telles que Sidi Lakhdar Benkhlouf font également un travail remarquable. Ce qui mérite des encouragements. Le ministere de la Culture, la gendarmerie et d'autres organismes tels que la Douane tentent de sauvegarder le patrimoine. Le citoyen devrait faire de même et l'école a un rôle à jouer.