Des villes comme Tlemcen ou Constantine regorgent de mosquées et d'édifices religieux. L'inscription, en 2013, du rituel du Rakb (Maoussem ou waâda) de Labiodh Sidi Cheikh sur la liste du patrimoine immatériel de l'Unesco a confirmé cette richesse. Il existe aussi d'autres manifestations du génie local comme l'architecture berbère au M'zab, le système des foggaras dans le Sud, dans le désert qui se distingue aussi par sa chaîne des ksour qui en font l'originalité et le charme. Longtemps, toutes ces richesses furent livrées à l'abandon et peu d'entre elles bénéficièrent de travaux de restauration. Rien ne semblait arrêter un processus d'irréversible destruction dont les Casbahs d'Alger classée patrimoine mondial par l'Unesco en 1992 et de Constantine furent des exemples. Il ne faut pas toujours incriminer les hommes ou l'administration. Le mode de vie, et les nouvelles habitudes qu'il charrie, sont souvent à l'origine de l'abandon des vieilles médinas et des ksour qui, d'El Oued à Kenadsa, tombent en ruine. L'effort de conservation de vieux sites archéologiques est pourtant réel. Dans le cadre du fonds de développement des régions du Sud des enveloppe de plusieurs milliards DA furent destinées à des interventions d'urgence pour la réhabilitation du ksar de Témacine, classé en juin 2013 secteur sauvegardé. La courbe semble s'être inversée depuis quelques années où la restauration et la sauvegarde du patrimoine sont d'une grande importance dans les manifestations qui ont eu une incidence sur la vie culturelle dans le pays. Il s'agit notamment de l'année de la culture islamique et de celle dédiée à la culture arabe qui vient de se clôturer à Tlemcen. Le mois du patrimoine, qui a débuté lundi dernier, offre l'occasion de découvrir de multiples facettes de cette richesse méconnue. De nombreuses associations à travers le pays mettront en valeur le patrimoine. Dans la région des Aurès, l'association des Amis de Medghacen a porté son choix cette année sur la vallée de Oued Labiod, dite Aghezar Amellal où durant trois jours, à partir du 28 avril, des activités scientifiques seront organisées à la maison de jeunes de Ghouffi et au musée Si El Haouas de Mchouneche. Dans ces localités situées au cœur des Aurès, des expositions et des activités mettront en valeur le patrimoine immatériel. Le programme se clôturera par une journée d'étude sur « le patrimoine culturel et développement du tourisme dans la vallée de Oued Labiod ». A l'extrême ouest du pays, l'association « El Mouahidia » de Nedromah a concocté un programme qui, durant tout un mois, combinera expositions sur le patrimoine de la ville, des journées d'étude et s'ouvrira aux visiteurs qui découvriront notamment la numérisation de nombreux manuscrits. Depuis quelques années, le patrimoine n'est plus confiné aux musées et aux objets inanimés exposés dans les musées qui vivent une nouvelle dynamique. L'internet est également un outil pour numériser et mettre en ligne un maximum de données puisées dans la culture algérienne pour en montrer toute la richesse et la diversité, la rendre visible et accessible au grand public. Un grand intérêt est désormais accordé au patrimoine immatériel, toutes ces productions culturelles sous formes de légendes, de savoirs traditionnels de poésies, de chants ou de rites qui forment l'âme de la société.