Dans un pays où la population est constituée de 70% de jeunes, une force s'il en est, celle que l'on nomme troisième âge semble absente Ne constituant aujourd'hui que 10% de la population, soit un peu plus de trois millions de citoyens, qu'en sera-t-il dans quelques années, la logique voulant que les années qui passent s'accompagneront naturellement d'un vieillissement de la population ? Les statistiques nous apprennent qu'en 2040, la tranche d'âge des plus de soixante ans sera de 40%, soit près de la moitié de la population. A-t-on réfléchi en haut lieu à une stratégie en vue de prendre en charge cette frange que le temps et ses vicissitudes ont fragilisée ? La question mérite non seulement d'être posée, mais de lui trouver une réponse. Une stratégie qu'il faut d'ores et déjà concevoir plurielle. D'abord au plan des pensions accordées aux personnes sans ressources. Une pension rachitique de 1000 DA peut-elle faire vivre décemment son homme ? Difficile de répondre par l'affirmative ! Ceux qui ont la chance d'avoir une retraite vivent difficilement et arrivent péniblement à joindre les deux bouts, attendant le 23 de chaque mois comme on attendrait le sacre (le résultat bienheureux d'une tombola). Une situation qui a poussé de nombreuses personnes à reprendre le chemin du labeur, au lieu de profiter paisiblement de la vie. Les postes de gardien de nuit, de manœuvre en tout genre, avec leur lot de pénibilité sont accaparés par des personnes du troisième âge. Encore que lorsque le travail est d'ordre intellectuel, il a au moins le mérite d'être positif pour la mémoire. Profiter du temps, oui, mais comment, dès lors qu'il s'agit du vieil Algérien ou de la vieille Algérienne ? Sous des cieux plus cléments, cet âge rime avec vie partagée dans des clubs où les multiples activités ciblent le confort psychologique de cette frange. Cela est synonyme de jours heureux à partager avec ses petits-enfants, à jouer pleinement son rôle de papy et de mamie ! C'est aussi, ailleurs, la phase propice pour les voyages organisés. En Algérie, le voyage du vieux ne le porte pas plus loin que la place publique de son quartier ou le jardin public du coin, s'il n'est déjà dévoré par le béton. Il n'existe même pas d'hôpital gériatrique Lourdes et difficiles sont les maladies liées à la vieillesse, facilitée devrait être leur prise en charge. Est-ce pour autant le cas ? Force est de reconnaître que non, la gériatrie n'ayant pas encore fait son entrée dans le langage médical ou si timidement. Une spécialité qui n'est même pas enseignée dans les facultés. Il n'existe même d'hôpital gériatrique en Algérie et le projet de création d'une première structure du genre, à Sétif, semble être remis à plus tard. Sa création — qui ne doit pas être unique — est des plus impératives pour répondre au désarroi des familles devant des pathologies comme l'Alzheimer ou Parkinson, pour ne citer que les plus extrêmes, mais sans oublier la plus touchante, celle dont la cause est le manque d'affection familiale ! Les valeurs d'antan voulaient que les enfants ne coupent jamais les attaches avec leurs vieux parents. Le vieux (ou la vieille) était le sage, la personne respectée. Placer son père ou sa mère en structure pour personnes âgées n'était pas envisageable. Certes, la décision du ministre de la Solidarité nationale de fermer ces structures et d'octroyer une pension pour les enfants en charge d'un parent grabataire est louable, mais ne sera-elle pas détournée de sa trajectoire ? Que deviendraient les vieillards sans famille, dans un champ où peu d'associations activent ? Il va sans dire que la politique à mettre en place dans le futur doit être bien réfléchie afin que le spectacle du vieux dormant sur un carton, sous les arcades d'Alger, dans le froid et l'indifférence, ne soit plus ce tableau offert aux visiteurs. Nos vieux méritent mieux, vraiment mieux.