Après une semaine de grève des services de nettoyage, les amoncellements d'ordures transformaient lundi en une poubelle géante les rues du centre de Madrid, sans qu'aucune issue au conflit ne soit en vue. Dans une petite rue du quartier à la mode de Malasaña, un parterre de détritus, pourris ou brûlés, jonchait le sol, sous les fenêtres d'une école, autour d'une rangée de conteneurs débordant de sacs poubelle éventrés, de cartons, de canettes de bière ou de restes de nourriture. Discrets, deux policiers accompagnaient les employés chargés du ramassage prévu par le service minimum. "Je comprends les raisons pour lesquelles ils sont en grève, mais pas pourquoi ils salissent les rues, car au bout du compte, c'est un problème pour tout le monde, nous devons cohabiter avec toutes ces ordures et ce n'est vraiment pas agréable", s'indignait Alicia Uldall, une jeune femme de 25 ans habitant le quartier. "Je n'avais jamais vu cela. Tous les conteneurs sont vides et toutes les ordures sont dehors, c'est dégueulasse et cela fait plusieurs jours que ça dure", lançait une autre riveraine âgée de 46 ans, Dominica Soria. Cette grève illimitée des employés du nettoyage et des jardiniers a commencé le 5 novembre à l'appel des syndicats qui dénoncent un plan social prévoyant la suppression de 1.135 postes, sur presque 7.000, dans les entreprises sous contrat avec la mairie, venant s'ajouter à 350 emplois déjà supprimés en août. Le plan prévoit également une baisse des salaires pouvant aller jusqu'à 40%, selon les syndicats. Lundi, "97% des employés étaient en grève", a indiqué Juan Carlos del Rio, représentant du syndicat UGT, ajoutant que le conflit "devrait s'étendre dans le temps", en l'absence de négociations. "Un jardinier gagne 900 euros et un agent de nettoyage 1.050 euros", avait-il expliqué au début de la grève, en calculant que les baisses prévues ramèneraient les salaires jusqu'au minimum légal de quelque 650 euros. La mairie a annoncé avoir déployé des renforts de policiers municipaux, comprenant plus de 60 patrouilles chaque jour, pour accompagner les employés du service minimum. "Plus de 260 conteneurs", a ajouté la mairie, ont été incendiés depuis le début de la grève. Face à la crise et à l'explosion des déficits publics, la mairie de Madrid, comme les régions et l'Etat, ont opéré des coupes claires dans les budgets. Selon Francisco Jargon, le président de l'association des entreprises de nettoyage de Madrid (Aselip), la mairie "a baissé de 40% ce qu'elle payait aux entreprises" par rapport à 2007, rendant inévitable un plan social.