Le verger oléicole dans la wilaya de Béjaïa est en train de rétrécir comme une peau de chagrin à cause essentiellement de l'extension tous azimuts du tissu urbain.Les incendies, qui ne sont pas à négliger et qui dévastent plusieurs hectares d'oliveraies à chaque saison estivale, demeurent un facteur accessoire concernant les causes de la disparition des oliviers. Ainsi, pour les besoins de la construction, les propriétaires des oliveraies ne voient pas d'autres solutions que de procéder au déracinement de ces arbres pour ériger au place et lieu une villa, en découpant en bûches les oliviers sacrifiés qui finiront dans les cheminées. Beaucoup de localités dans la vallée de la Soummam, connues pour leur vocation oléicole, sont à présent en voie de perdre ce «statut» pour celui de «sous-développées». En l'absence de chiffres pouvant donner une idée générale sur le nombre d'oliveraies qui ont disparu depuis «le boom» urbanistique que connaît la wilaya de Béjaïa, à l'instar de beaucoup d'autres wilayas, l'on est tenté, à la lumière de simples constats, d'estimer qu'ils seraient des milliers d'oliviers à être arrachés sans état d'âme. Autres temps, autres… vénérations. Jadis, abattre un olivier reviendrait à commettre un sacrilège. Cette «vénération» pour l'olivier, grâce à qui nos aïeuls ont «tenu» des siècles, a fondu, de nos jours, comme neige au soleil.Ce qui compte surtout, c'est le gain. L'exemple le plus édifiant peut-être serait celui du lotissement Merlot, dans la ville de Tazmalt (85 km au sud-ouest de Béjaïa). Ce lieudit fut une vaste oliveraie appartenant à un colon du nom de Merlot. Il exportait même l'huile d'olive et fut récipiendaire de plusieurs médailles de mérite de la part de l'administration coloniale de l'époque. Malheureusement, vers le début des années 1990, pas moins de 9000 oliviers ont été abattus. Un «massacre oléicole» inédit, estimait-on à l'époque. L'objectif fut alors de le diviser en lopins de terre afin de le vendre à des particuliers pour la construction. Chose qui fut faite. Des villas ont alors pris la place des oliviers, et ce, à une cadence vertigineuse. Toute la petite bourgeoisie de la haute vallée vint s'y installer. D'autres localités de la wilaya connaissent elles aussi l'avancée du béton au détriment des oliveraies et des terres agricoles.La régénération du patrimoine agricole n'est pas proportionnelle à l'arrachage des arbres. Ce qui demeure préoccupant pour cette région qui, si les choses restaient en l'état, pourrait perdre son statut de wilaya oléicole par excellence.