Triste sort que celui réservé à l'olivier dans la wilaya de Béjaïa. Chaque saison estivale, ce sont des centaines d'hectares d'oliveraies qui partent en fumée. Ces surfaces, au demeurant énormes, ne peuvent, hélas, être replantées, en ce sens que la plupart des propriétaires sont déshérités et ne peuvent par conséquent remplacer les arbres détruits. Alors que la campagne oléicole s'annonçait des plus prometteuses cette année, les flammes sont venues gâcher l'optimisme des agriculteurs. Beaucoup de localités dans la wilaya de Béjaïa ont vu des oliveraies complètement détruites par des incendies, que d'aucuns désignent comme étant d'origine criminelle. C'est le désarroi total chez les propriétaires des oliveraies. Les surfaces consumées par les flammes sont autant de quintaux d'huile d'olive perdus. Si certains agriculteurs sont vraiment à plaindre, d'autres, peu nombreux heureusement, ne s'encombrent pas de scrupules et laissent leurs oliveraies livrées aux mauvaises herbes au lieu de les sarcler ou complètement labourer leurs glèbes. C'est à cause de cette négligence impardonnable que les feux prennent dans ces espaces, parce qu'une personne malveillante a jeté un mégot ou une mèche dans ces champs, ou qu'un paysan a procédé à quelques brûlis sans prendre les précautions d'usage. Las anciens sont formels : jamais les incendies ne prennent dans des oliveraies sarclées, labourées et bien entretenues. Donc, les propriétaires de ces oliveraies ont une grosse part de responsabilité dans ces incendies. L'oléiculture dans la wilaya de Béjaïa prend de sérieux coups avec ces incendies ravageurs et à répétition. La régénération du patrimoine oléicole coûte cher, et l'aide octroyée par l'Etat à travers le Fonds national de développement rural et agricole (FNDRA) s'empêtre dans la bureaucratie et exige, entre autres, l'acte de propriété. Un titre que la plupart des agriculteurs ne possèdent pas, ce qui ne leur permet pas de bénéficier des aides dans le cadre de ce fonds. A ces incendies destructeurs, qui réduisent chaque année le verger oléicole dans la wilaya de Béjaïa, s'ajoute le béton, qui avance d'une manière effarante en dépassant tout entendement. C'est l'explosion de l'urbanisation, qui va dans tous les sens. Des milliers d'oliviers séculaires, que les grands-parents ont choyés et entretenus dans la douleur, sont déracinés sans état d'âme pour les besoins de la construction. Même la campagne ou le milieu rural n'échappe pas à ce nouvel ordre local. Le béton avance sans arrêt aux dépens des terres agricoles et du patrimoine oléicole. La sonnette d'alarme est tirée.