Février 1982. L'équipe d'Algérie de football se préparait à disputer la phase finale de la CAN qui devait se dérouler à partir du 5 mars en Libye. Les Verts s'apprêtaient à aller dans ce pays en sachant qu'ils faisaient partie du groupe des favoris de la compétition. Ce privilège, ils le douvent à leurs exploits depuis 1980 quand ils avaient atteint la finale de la précédente CAN au Nigeria. Sur leur lancée, il se sont qualifiés à la phase finale de la Coupe du monde programmée en Espagne, quelques semaines après la CAN de Libye. C'est sous la conduite du Russe Evgueni Rogov, assisté de deux adjoints, Rabah Saadane et Mohamed Maouche, que les Verts avaient réussi à valider leur ticket pour le Mondial espagnol grâce à un double succès sur les Nigérians, dont un à Lagos même, qui signifiait une revanche sur la défaite de la finale de la CAN 1980. Les Algériens se préparaient, donc, à disputer la CAN libyenne tout en ayant une pensée pour l'aventure qui les attendait en Espagne. Rogov poursuivait son travail quand était tombée la nouvelle : il devait quitter son poste d'entraîneur en chef de l'équipe nationale pour être remplacé par le duo Khalef-Mekhloufi. Rogov n'était pas limogé puisqu'on lui demandait de rester au sein de l'équipe nationale mais à titre de conseiller, ce qu'il avait refusé. Idem pour Maouche qui avait préféré se retirer du staff technique de l'équipe nationale alors que Saadane, en tant que cadre du MJS, était dans une position difficile. Il ne pouvait se mettre contre une décision émanant de sa tutelle. Il avait ainsi continué à activer dans le staff technique de l'équipe nationale. Sous la conduite de Khalef, de Mekhloufi et donc Saadane, les Verts avaient terminé à la 4e place de la CAN libyenne puis avaient réalisé de superbes prouesses lors du Mondial espagnol duquel ils n'avaient été éliminés qu'à la suite de ce qui restera comme un des plus grands scandales de la Coupe du monde, à savoir le match arrangé entre les Allemands et les Autrichiens. Une question de détermination Si nous avons évoqué cet épisode de 1982, c'est parce qu'en 2013, à quelques mois de la Coupe du monde, qui doit avoir lieu en juin 2014 au Brésil, les rumeurs donnant le coach des Verts, Vahid Halilhodzic, partant après le Mondial, grossissent de jour en jour. L'une des raisons qui empêche une équipe de progresser c'est l'instabilité de son staff technique. En Algérie, c'est un sport très prisé au niveau des clubs. Mais un entraîneur doit être défendu quand on est sûr de son engagement total envers l'équipe qu'on lui a confiée. Est-ce le cas avec Halilhodzic ? Certainement pas. Voilà des semaines que des informations non démenties annonçaient qu'il avait été contacté par nombre de clubs et de sélections. Son silence voulait dire qu'il n'y avait rien de vrai à cela mais sans aucune preuve. Aujourd'hui, il apparaît comme sûr que le Bosnien ne continuera pas l'aventure avec les Verts au-delà du Mondial brésilien. Des informations indiquent même qu'entre lui et le président de la FAF l'entente serait loin d'être cordiale. La question qui se pose désormais est de savoir si on peut continuer à faire confiance à un coach qui sait qu'il partira quel que soit le résultat qu'il obtiendra au Brésil. En un mot comme en mille, Halilhodzic, maintenant qu'il a eu ce qu'il voulait, à savoir entraîner une équipe nationale dans une Coupe du monde, sera-t-il animé de la volonté désirée en de telles circonstances ? Sans objectif assigné, sera-t-il le coach dont on attend qu'il s'engagera corps et âme avec cette équipe ? En 2004, l'équipe de France, alors une des meilleures au monde, s'apprêtait à disputer l'Euro au Portugal quand son coach, Jacques Santini, avait annoncé qu'il allait entraîner le club anglais de Tottenham après la compétition européenne. La presse française s'était insurgée contre le fait de maintenir en poste un coach qui avait révélé son départ après l'Euro car non tenu désormais par un objectif de résultat. Santini était resté et les Français n'avaient pu aller au-delà des quarts de finale de la compétition européenne. Il est, certes, difficile de parler de départ d'Halilhodzic avant le Mondial non pour des raisons sportives mais surtout économiques. Le limogeage du coach national pourrait s'avérer catastrophique pour la FAF en termes financiers. Il y a de très grosses indemnités à consentir si on veut aller jusque-là. Mais penser un seul instant qu'on va déstabiliser l'équipe nationale avant son rendez-vous brésilien, n'est absolument pas vrai. Le remplacement incompréhensible d'un Rogov, alors en pleine réussite, par la paire Khalef-Mekhloufi en 1982 et les résultats obtenus par celle-ci par la suite démontrent qu'une sélection nationale peut rebondir. On a tendance à croire que sans le Bosnien, les Verts perdraient énormément. Ça reste vraiment à prouver. Le monde n'oublie pas qu'Halilhodzic, qui avait eu sous la main la plus grande équipe de Côte d'Ivoire de l'histoire, n'avait pu aller au-delà des quarts de finale de la CAN 2010.