Deux ministres du gouvernement turc ont démissionné mercredi, a-t-on appris de source officielle, donnant une nouvelle dimension à l'enquête anti-corruption qui oppose depuis une semaine le pouvoir exécutif à la justice et menace de saper la confiance des investisseurs étrangers. Le fils du ministre de l'Economie, Zafer Caglayan, et celui du ministre de l'Intérieur, Muammer Guler, font partie des 24 personnes interpellées le 17 décembre dans le cadre d'un dossier qui concerne principalement la banque publique Halkbank. Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a répliqué à cette vague d'arrestations en limogeant plusieurs responsables de la police nationale. Son gouvernement présente l'affaire comme une campagne orchestrée depuis l'étranger dans le but de semer la discorde en Turquie. "J'ai démissionné de mon poste de ministre de l'Economie pour aider à la manifestation de la vérité et pour permettre de faire échouer cet horrible complot, qui a touché entre autres mon enfant et certains de mes plus proches collègues de travail", a déclaré Zafer Caglayan dans un communiqué. "Il est évident que l'opération lancée le 17 décembre est un montage sordide visant notre parti et notre gouvernement." L'affaire a ravivé chez de nombreux Turcs le sentiment anti-Erdogan qui avait fait le succès des manifestations de la mi-2013, une partie de l'opinion publique lui reprochant de vouloir islamiser le pays et de dériver vers l'autoritarisme. L'Union européenne a appelé de son côté Ankara à veiller à préserver la séparation des pouvoirs. Mardi, le président turc, Abdullah Gül, a dit souhaiter que toute la lumière soit faite sur les affaires qui agitent actuellement le pays.