En quelques années, la femme algérienne a investi le «domaine public» pour sortir du rôle dans lequel sa famille, la société ou la tradition l'avait confinée. Aujourd'hui, elle concilie de main de maître (de maîtresse !), travail, famille, enfants, etc. Même si le taux d'analphabétisme chez les femmes demeure encore élevé, surtout dans les milieux ruraux, il reste qu'elles sont de plus en plus nombreuses à investir les bancs de l'école et à y réussir avec brio, bien mieux que les garçons. Selon les statistiques, contrairement à leurs camarades masculins, une fois le cycle primaire achevé, elles vont jusqu'au bout du cycle entamé. Et les chiffres sont éloquents : 56% des lycéens et plus de 60% des universitaires sont des filles. Aux examens, elles ont plus de réussite et elles sont plus nombreuses à décrocher le brevet ou le baccalauréat, obtenant parfois les meilleures moyennes à l'échelle nationale. Certes, elles ne connaissent pas toutes de tels succès scolaires. Mais l'échec, elles persévèrent et suivent un stage de formation professionnelle pour ne pas rester sans instruction, mais surtout sans métier, même informel. Et c'est ce qui a changé et bien changé ! Désormais, une femme, même sans prétendre à une future carrière, ne reste pas chez elle à attendre des prétendants. Elle «s'occupe», soutient financièrement sa famille, quitte à abandonner son emploi, une fois mariée. Dès lors, il est observé une féminisation du monde du travail, qui va de l'enseignement, secteur féminin par excellence, à d'autres postes décisionnels, autrefois chasse gardée des hommes. Ainsi, aujourd'hui, 50% des médecins sont des femmes et dans le secteur de la justice 35% du corps juridique sont constitués de magistrates. De même, elles sont quelque 33% à être cadres dans une entreprise, et 5% des responsables dans l'administration sont des femmes qui arrivent à «jongler» entre activité professionnelle et vie de famille. La génération montante sort des sentiers battus et ne se restreint plus aux métiers réservés à la gent féminine, qui offraient des facilités d'horaires ou de charge de travail. Elles ont investi les rangs des forces de l'ordre, sont chefs de projets et de chantiers de construction, ingénieurs et techniciennes sur sites dans le Grand Sud ou reporters et photographes de guerre. Elles démontrent ainsi que le travail est «asexué» et qu'elles «assurent» et peuvent faire aussi bien, si ce n'est mieux, que ces messieurs. Toutefois, il demeure un domaine duquel la femme algérienne est toujours écartée, sciemment ou par manque d'intérêt de sa part : la politique. Dans les Assemblés populaires, au Sénat ou à activer dans un parti, elles ne sont qu'une minorité. Mais les choses évoluent et continueront d'évoluer. Les récentes dispositions apportées à la Constitution encourageant «la discrimination positive» en leur faveur. Les Algériennes, réputées pour leur courage, leur ténacité et leur pugnacité, sauront assurément exploiter pleinement cette «fleur».