Le Premier ministre Abdelmalek Sellal était cette fin de semaine en passe d'achever sans encombres son tour d'Algérie des visites d'inspection, entamé il y a de nombreux mois, avec les mêmes mots d'ordre de départ, articulés autour de la nécessité stratégique de rattraper les retards de développement pour pouvoir maintenir coûte que coûte la "stabilité" de l'Etat puis penser sereinement les axes de travail futurs. Dans le style qui est le sien, le premier responsable du gouvernement aura sans relâche tenté de mobiliser autorités et organisations civiles locales autour de ce maître mot de "stabilité" à la fois politique, économique, sociale et sécuritaire chèrement acquise, après la tragédie du terrorisme puis le lent et laborieux retour à la normale, aujourd'hui symbolisé par le repeuplement graduel des campagnes, trop longtemps désertées. Le maître d'œuvre de ce processus de rétablissement du pays dans la plénitude de ses fonctions ? M. Sellal ne manquera aucune de ses escales régionales pour désigner le président Abdelaziz Bouteflika comme étant le père de cette Algérie de 2014, "un pays, dira-t-il, qui s'est réconcilié avec lui-même, a fortifié ses institutions et qui envisage l'avenir avec davantage d'optimisme". Le retour de la paix et de la sécurité, "grâce à la politique présidentielle de réconciliation nationale", serait même, aux yeux de M. Sellal, "un pari que peu de pays sont aujourd'hui en mesure de relever et encore moins de gagner", ainsi qu'il l'a exprimé jeudi dernier depuis Bordj Bou Arreridj. Et comme pour lever tout malentendu ou suspicion à ce sujet, il ne cessera de répéter, là où il va, son refus catégorique de se considérer en campagne électorale ou d'accepter l'idée selon laquelle il ne sillonnerait le pays que pour "distribuer des enveloppes budgétaires", autrement dit pour tenter d'acheter les consciences à quelques mois de l'élection présidentielle. Ses déplacements sont à inscrire, assure-t-il, dans l'agenda normal de tout gouvernement normal et résultent, plus précisément, des "orientations du président de la République en faveur de l'intensification de l'action de proximité pour l'inspection des projets", l'accélération du développement et la consolidation de la sérénité retrouvée. Mais la stabilité de l'Etat dans toutes ses composantes ne peut être préservée indéfiniment si la libération de toutes les énergies disponibles n'est pas au rendez vous en vue de favoriser —au plus vite et selon une logique économique et non pas administrative ou, plus grave encore, bureaucratique— le décollage de l'économie nationale, source irremplaçable de croissance, d'emploi et de justice sociale. De cette équation, M. Sellal en a fait, là aussi, son leitmotiv favori au point de "supplier", depuis Bordj Bou Arreridj, tous les responsables locaux de "ne pas refuser les investissements" et, mieux, d'imaginer toutes les alternatives possibles, y compris en recourant si nécessaire à des actions aussi complexes que des extensions de zones industrielles et de zones d'activités. Dans cet esprit de levée des blocages au bénéfice des particuliers et de l'économie par l'instauration d'un service public plus citoyen, le Premier ministre se sera présenté avec des idées novatrices et des engagements fermes mais aussi porteur de concret et de bonnes nouvelles comme l'annonce de la promulgation, dans quelques jours, d'un décret allégeant de 13 documents les différents dossiers administratifs exigés. Car assurément, il y va de la construction d'une Algérie "moderne et authentique, sûre, forte, fraternelle et solidaire" avec "l'implication de tous les Algériens sans exclusive", a dû clamer hier samedi à Skikda M. Sellal tout en se montrant optimiste sur l'avenir immédiat d'un pays qui, selon lui, "avance avec confiance et persévérance vers le progrès et la prospérité". Face aux représentants de la société civile skikdie, il réitérera en tout cas les promesses de son gouvernement pour un développement équilibré des territoires et des hommes, et ce, par un usage toujours plus opportun et plus pragmatique des moyens dont dispose l'Etat, et dans une démarche de rigueur économique et de force légale mais où la finalité restera le mieux-être de tous. "Par nos efforts et en nous appuyant sur nos richesses tant humaines que matérielles, nous sommes déterminés à ne laisser aucun des enfants du pays à la marge", a résumé le chef de l'Exécutif en place.