L'ambassadeur du Maroc en France, Chakib Benmoussa, a été reçu lundi au Quai d'Orsay dans le sillage d'un malaise diplomatique entre Rabat et Paris, né de la convocation, le week-end dernier par la police française du patron du contre-espionnage marocain, contre qui trois plaintes ont été déposées pour "torture" et "complicité de torture". "Suite de la convocation de M. Abdellatif Hammouchi par un juge d'instruction alors qu'il se trouvait à la résidence de l'ambassadeur du Maroc, nous avons immédiatement demandé que toute la lumière soit faite, le plus rapidement possible, sur cet incident regrettable", a précisé lundi le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal. Selon des militants marocains des droits de l'homme activant dans la capitale française, des policiers s'étaient rendus jeudi dernier à la résidence de l'ambassadeur du Maroc à Neuilly-sur-Seine, en banlieue parisienne, pour remettre une convocation de la justice française à Abdellatif Hammouchi, qui accompagnait à Paris le ministre marocain de l'Intérieur. Cette démarche fait suite à trois plaintes déposées la semaine dernière contre le patron du contre-espionnage marocain par l'Association chrétienne pour l'abolition de la torture (Acat) et le président d'honneur de la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l'homme), Me Patrick Baudoin, pour "torture" et "complicité de torture". Lors d'un rassemblement samedi dernier devant l'ambassade du Maroc à Paris en commémoration du 3e anniversaire du mouvement du 20 février 2011, le champion du monde de Kick boxing Zakaria Moumni, au nom de qui une des plaintes a été déposées, s'était dit "étonné" d'apprendre que les autorités de son pays avaient convoqué l'ambassadeur de France à Rabat pour lui signifier la "protestation vigoureuse" du royaume du Maroc, à la suite de la convocation du DGST (services de renseignement) marocain à Paris. "On pense que la France, pays des droits de l'homme, est comme le Maroc où l'on juge les personnes et commandite leur torture par téléphone", a fustigé le champion du monde marocain, qui a été enlevé en 2010 puis incarcéré sans jugement au Maroc avant d'être gracié deux ans après.