La réaction agressive du Maroc, qui a convoqué l'ambassadeur de France, Charles Fries, "pour lui signifier la protestation vigoureuse du royaume", après la convocation par la justice française du patron du contre-espionnage marocain sur des accusations de "complicité de torture", suite à une plainte de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat), a été suivie par un communiqué conciliant du Quai d'Orsay déplorant un "incident regrettable". Cela reflète le "deux poids, deux mesures" de Paris dans la gestion de ce genre d'affaires. En effet, en 2009, la France avait déterré une affaire datant de plus de 20 ans relative à l'assassinat, en 1987, de l'avocat du FFS à Paris, André Ali Mecili, en obligeant le diplomate algérien Mohamed Hasseni à prouver son innocence par des tests ADN et graphologiques. Mohamed Hasseni a fini par prouver qu'il n'y avait qu'une simple erreur d'homonymie. Si dans cette affaire, les autorités françaises n'ont pas respecté l'immunité diplomatique de Mohamed Hasseni, elles se sont gardées d'interpeller Abdellatif Hammouchi, le patron du contre-espionnage marocain, visé par une plainte pour complicité de torture. Pour rappel, l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (Acat) a demandé, jeudi, aux autorités françaises de profiter de la présence en France d'Abdellatif Hammouchi pour l'auditionner dans le cadre de plaintes déposées à Paris relatives à des faits présumés de torture au sein du centre de détention marocain de Temara, qui dépendrait de la Direction générale marocaine de la surveillance du territoire (DGST). Abdellatif Hammouchi accompagnait, jeudi, le ministre marocain de l'Intérieur, Mohamed Hassad, pour un G4 avec ses homologues français, espagnol et portugais. Abdellatif Hammouchi est visé dans cette plainte pour complicité de torture. C'est également le cas dans une autre plainte déposée, jeudi, au parquet par un Marocain de 44 ans, Ennaâma Asfari. Cette affaire a provoqué une crise diplomatique entre le Maroc et la France, atteignant le stade de la convocation par Rabat de l'ambassadeur français. En effet, le Maroc a indiqué, hier, avoir "protesté vigoureusement" auprès de la France et convoqué son ambassadeur, évoquant un "incident grave". Le ministère marocain des Affaires étrangères a indiqué dans un communiqué cité par l'agence MAP que le chef de la mission diplomatique française a été convoqué ‘pour lui signifier la protestation vigoureuse du royaume du Maroc". "Cet incident grave et inédit (...) est de nature à porter atteinte au climat de confiance et de respect mutuel qui a toujours existé", a-t-il ajouté. Le Maroc "exige avec insistance que des explications urgentes et précises soient données à cette démarche inadmissible et que les responsabilités soient identifiées", souligne la même source. Quant aux accusations portées contre le directeur général de la DGST, Rabat indique les rejeter "catégoriquement", estimant qu'elles sont "sans fondement". Face à cette réaction marocaine agressive, le ministère français des Affaires étrangères a déploré, samedi, un "incident regrettable". "En réponse à la demande des autorités marocaines, nous avons immédiatement demandé que toute la lumière soit faite, le plus rapidement possible sur cet incident regrettable, dans l'esprit de l'amitié confiante qui lie la France et le Maroc", a indiqué, dans un communiqué, le porte-parole du ministère, Romain Nadal. M T Nom Adresse email