Il fait beau, l'entrée est gratuite, le vide sidéral est toujours seul à occuper le programme de détente des Algérois, mais la foule ne s'est pas bousculée aux portes de la salle Harcha pour le tournoi de volley-ball africain qualificatif à la Coupe du monde. On a fait semblant de rééditer ce qu'on a fait avec la Coupe d'Afrique de handball, mais le flop est manifeste. Les gradins de la salle Harcha sont horriblement vides à chaque rencontre, y compris celles de la sélection nationale. Des tribunes «sifflantes», comme on dit dans le parler populaire. Bien sûr, au commencement étaient les évidences : le handball ne passionne pas les foules autant que le foot. Le volley encore moins. Le handball algérien a eu ses heures de gloire dans une autre vie. Il nous a même valu quelques titres continentaux dont les plus jeunes ne se souviennent pas. Le volley est une autre histoire, à moins que ce ne soit carrément une vue de l'esprit. Pour beaucoup d'Algériens, c'est un sport d'une autre planète. Pour d'autres, c'est un sport qu'on peut regarder au hasard d'un zapping parce que ça peut parfois être agréable. Pour l'infime minorité qui reste de connaisseurs, c'est un vrai spectacle, un régal pour les yeux quand il est pratiqué au plus haut niveau. L'Algérie, et pour tout dire l'Afrique, est loin de ces zones-là. Mais nous sommes déjà dans un autre sujet. On savait que le volley ne pouvait pas mobiliser les foules, même quand il fait beau, même quand l'entrée est gratuite, même quand on n'a rien à faire de ses journées aussi longues que l'ennui. Mais on ne perd rien à essayer. Mais les «mobilisateurs» de foules savent qu'ils ne perdent rien à essayer. Ils ne perdent jamais rien, d'ailleurs. Ils ont essayé même s'ils savaient que c'était vain. Ils savent aussi faire les choses. Par tentative du désespoir ou par acquit de conscience. Comme la conscience n'est pas vraiment ce qui fait leur réputation, ils ont quand même essayé. Histoire de dire, si à Dieu ne plaise quelqu'un venait à leur demander des comptes, qu'on aura pourtant tout tenté. Ils savaient que ça ne pouvait pas marcher comme pour la Coupe d'Afrique des nations de handball. Il y a deux nouvelles évidences et pas des moindres. La première est que le hand mobilise beaucoup moins que le foot, alors que le volley ne mobilise presque rien du tout. On imagine le résultat quand il s'agit exclusivement de volley féminin ! On ne va pas refaire le monde tout de suite. Encore moins l'Algérie. Les mobilisateurs auraient pu ajouter le sandwich au soleil radieux qui illumine Alger ces derniers jours et à la gratuité de l'entrée que ça n'aurait rien changé. Ils le savaient. Même s'ils ont par intermittence agité désespérément… l'espoir ! Dernière évidence qu'on connaissait mais qu'on a tenté - pour rien, juste comme ça - de cacher : les chances de qualification à la Coupe du monde de la sélection nationale étaient trop minces pour pousser l'effort jusqu'au bout. Manque de pot, c'est la dernière compétition sportive majeure que devait livrer le pays avant un printemps incertain. Les gradins de la salle Harcha étaient horriblement vides et le commentateur de l'ENTV qui s'égosillait sur l'image d'un groupe de quatre ou cinq «supporters» dont il disait qu'ils sont venus de Chlef n'y pouvait pas grand-chose. Pendant ce temps, l'entraîneur italien, réaliste, projetait déjà son équipe dans l'après-compétition en essayant une méthode de laboratoire. Mais qu'importe l'échec quand même la victoire ne pouvait pas enthousiasmer la foule. N'est-ce pas ? Slimane Laouari